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dimanche, août 26, 2007

pancreas carillon

Toutes ces semaines, j'aimerais pouvoir les résumer, un événement, un percussionniste, il s'appelle Rainer Römer et, de dos, il est blond, qui martèle, doucement, infiniment doucement, un grand gong Paiste, le logo qui défigure sa belle étendue en cuivre mutique, il trône dans une belle petite église baroque, la Kollegienkirche, sur la petite place du marché de Salzburg, sous des grands panneaux de plastique, au fond de la scène, le percussionniste amène un long silence embarrassant (une jeune femme endimanchée glousse, évidemment, le rang juste devant) avant de lancer son petit assaut, un martèlement doux, donc, qui emplit l'espace en doux reflux quantiques, une mousse de bruit qui remplit par vaguelettes agréables, un bruit plaisant pour se nettoyer les oreilles, pour apaiser les esprits brûlants, calmer les ardeurs adamantines des riches festivaliers, et puis, dans la longueur certaine, une petite panique par le milieu de notre endurance en même temps que les coups sur le gong s'intensifient sans accélérer, la pulsation est nourrie dans la constance, combien de temps ça va durer, combien de temps le tympan va-t-il apprécier le petit sort infligé avant de lancer la sirène, une petite douleur qui naît au dedans, on cherche le silence à tâtons, on panique un peu d'une issue abrupte, dans quel état elle nous laisserait, on compte tous sur le petit percussionniste pour nous ramener à bon port, amoindrir son effort, en douceur, atterrir la petite communion acoustique, le petit cénacle de bruit rameuté de l'audience, on retient son souffle, le percussionniste dirige ses marteaux vers l'extérieur du gong en même temps qu'il amaigrit l'effort, on revient vers le silence, les nuages se disloquent, la partition de James Tenney, suiviste, copiteur haletant mais brillant, nous dira plus tard qu'on est passé de "pppp"à "ffff" et qu'on revenu à "pppp" avant de revenir au silence puis à l'orchestre, aux vagues de cordes qui baisent avec la réverbération de l'église, à l'ébouriffant Concerto pour violoncelle et orchestre de Ligeti (66, or pur), de la musique en vérité, mais j'aimerais tout ramener, les milliers de page et les maladies, à ce doux moment de douce panique là, une seule note qui amène à l'infini du spectre, oreille totale, et à aucune, ouverture éblouissante vers le monde merveilleux de l'intervalle, de l'entre-deux notes, la ballade autour du ton, le vertige permanent, horizon mal-au-coeur, Grisey (laissez moi le temps d'y comprendre quelque chose d'autre que le tremblement) et, on y reviendra jusqu'à la fin des temps, Scelsi, puisque c'est à lui qu'on voulait rendre hommage;

de toutes façons, pour le travail et pour l'obsession, je n'ai écouté que Matthew Bower, cet été, à la montagne, tout Sunroof! encore une fois, mais aussi les premiers Skullflower, je ne connaissais pas, et les deux Total, ébahi comme au premier jour de ses hyperdensités, de sa surconscience immense de la verticalité, du faux statique, du beau par le plein, il m'a écrit qu'il aimait surtout le label Norma Evangelium Diaboli en ce moment, et ça m'a fait bien plaisir parce que c'était très prévisible et complètement innatendu en même temps, et un peu Prince, tout le reste est ressorti de l'autre côté











en parlant d'intervalle, je vous prépare à la suite, allez faire, je vous prie, un tour là où il se passe des choses qui comptent

2 commentaires:

À 5:41 PM , Blogger François Monti a dit...

Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum.

 
À 11:12 AM , Blogger Unknown a dit...

oui! ce concert, ce festival est un moment fort! Ce matin, je me suis mise devant mon gong, plus petit, et j'ai frappé doucement, plus fortement et doucement encore un petit remake ... Est ce que dans la partition de Tenney il y a une indication de temps?
Je suis ravie d'avoir lu votre article!
Merci de votre réponse!

 

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