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lundi, juin 07, 2004

Richard Powers

Son écriture lézarde en torticolis obscurs, à la limite d'un illisible qui fait justement toute son âme, qui attire irrestistiblement dans un double mouvement de fascination et d'intoxication, frotte le néant, le non-sens, juste derrière la surface, et, au recto, un univers tout juste palpable de langue furieuse, de références passionnantes, de pur bonheur littéraire. Powers vous met dans la confidence littéraire met garde ses distances. Il vous fait croire à un eden empathique (ses personnages ont de très belles âmes, avec des formes précises, des odeurs magnifiquement dessinées, comme chez Lodge) et vous traîne jusqu'au bout de ses phrases comme il vous tient au dessus du vide, il vous pousse en avant jusqu'au coeur de ses romans en faisant mine d'esquisser des histoires, mais il n'y a rien que sa langue dans son dédale, ses diagrammes d'idées enroulées, ses correspondances gonflées à l'hélium, et c'est ça qui est formidable. Richard Powers est un génie sans distinction, qui travaille pour rien (contrairement à un Vollmann, par exemple, qui consacre tout entier son ultime talent littéraire, sorte d'extremité monstreuse, à des causes idéologiques précises) à part pour faire avancer l'art littéraire. Quand on pense qu'il existe des gens, par chez nous, qui sont tellement obnubilés par leur propre histoire littéraire, qu'ils en arrivent à penser que l'art du roman est moribond ou que les américains sont juste bonds à écrire des pavés de 600 pages. Bande de connards illettrés.

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