Vivre en 2020
Rappelez-vous, en 2007, il y a treize ans à peine, comme les choses semblaient rigides, bruyantes et entravées ;
rappelez-vous, il y a treize ans, Libération, ce vieux journal de gauche encrypté en journal moderne, répétait, en texte-cipher très élaboré (un Chiffrement avec vol de texte CTS Lucifer assez sommaire, réencrypté via un Data Encryption Standard Pub 46-3 calculé dans la RAM antédiluvienne d’un vieil IBM 5100 qui se trouvait appartenir à un intime de la famille de Bernard Lallement), les Manifestes pour le soulèvement de la jeunesse d’Isidore Isou en hommage différé (un peu moins de deux mois après sa mort) tout en titrant, en cipher ambigraphique d’algorithme SEAM, sur les déboires de la vie amoureuses d’un personnage politique obscur dont on peinera à se rappeler aujourd’hui jusqu’aux liens mystérieux qui liaient sa compagne avec le grand Ecrivant de notre régime, Marc Althusser Levy, ou encore, ceux qui le liaient lui-même avec le dernier grand Phénoménologue cathodique et immense inspirateur du Grand Ravalement Dominical lui-même, Jacques Martin Beaufret ; le journal, en outre, n’étonnait personne en avançant pourtant dans la plus grande confusion de degré, pour promouvoir sa grande mue infographique, être du côté du progrès ;
rappelez-vous, Guy Moquêt, pas encore intronisé symbole coloré, dans la périphérie du logo, du parti de centre droit Front National, débarquait simultanément, tout sourire, en compagnie de Kirsten Dunst dans la nouvelle campagne H&M et, bras dessus bras dessous, avec Bertrand Russell, sur les paquets de sablés La Mère Mérite ;
rappelez-vous, dans la banlieue du Havre, ville de Seine maritime, dans la France métropolitaine d'alors, un Office d'habitation à loyer modéré et un généreux intervenant privé entreprenaient de fabriquer un hall d'immeuble factice sans immeuble derrière;
rappelez-vous, la sortie universale du nouvel opus de la saga cinématographique Indiana Jones, Indiana Jones in the Pendulum Embrace, était repoussée jusqu’à nouvel ordre mondial en raison des efforts zélés d’un vieux programmateur de jeux vidéographiques pré-pornogastros laid, astigmate, mal attifé et presque obèse, qui prétendait (à raison, comme on pourrait s’en rendre compte une longue année plus tard) pouvoir en deviner le début, le milieu et même la conclusion ;
rappelez-vous, à Paris, rue Championnet, dans les allées encombrées d’un vide-grenier dominical, on pouvait entendre dans le brouhaha une jeune femme, derrière un stand de petit chaos paraphernal résumant, en petit amas variés, médiocres des sept, huit années précédentes de culture populaire, s’exclamer, effroyablement visionnaire, « ça manque de musique ici » ;
rappelez-vous, nous recevions chacun, un matin de novembre, notre nouvelle carte Supervitale biosymétrique, à la technologie certes archaïque et charmante, mais dont la matière plastique spongieuse contenait déjà, en petits agrégats sableux, les pseudociphers sommaires ancêtres de notre code iris, ainsi que, encryptés en cipherblocks CCM SP 800-38C, les indices ADNM de nos mutations en cours ;
rappelez-vous, à la mi-octobre, quelques privilégiés, curieux de passage ou adeptes intronisés, apprenaient, dans la tristesse et la colère, le décès de Lady Jaye Breyer P-Orridge, compagne et inverse de Genesis P-Orridge, alors encore artiste souterrain, quelques années avant sa légendaire résurrection via l'opération qui ferait de lui le tout premier anthropoïde autovulateur de notre époque ;
Rappelez-vous, en 2007, le 22 octobre exactement, je reprenais un instant la parole, après un silence presque prolongé de quelques semaines, durant lesquelles je soulageais mon odieuse psychopathie d’inflation volubile en assommant mon entourage, mon amoureuse au premier front, de fumeuses et plagiaires théories sur le canular à l’ère de la fêlure (c’était, tout de même, tout à mon honneur décharné, plus de cinq années d'une période sombre et ennuyeuse sans tsunami immense ou éruption volcanique vraiment spéctaculaire à se mettre sous la dents, avant qu’on ressuscite dans le même corps Andy Kaufman et Gilles Deleuze pour mettre au premier pouvoir un président qui comble enfin nos rêves, nos aspirations, et nos accès de joie, nos après-midi de jeu, nos envolées de la plage vers le soleil), ou, n'osant prendre la parole proprement sur la Grande Bible pas encore avérée, en leur faisant écouter le chant des orchidées.
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