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vendredi, septembre 05, 2008

voyage en planeur

Mon été, c'était beaucoup d'indigestions et une belle découverte: l'air chaud; voilà donc, au bout d'une forêt de cèdres, un bout minuscule des mes rêves de ces jours, un glissando de fer blanc, Arthur Lyman affublé d'un gros cigare éteint dans la gueule, qui fait rebondir une patte molle, un petit tore d'air humide vibre dans les particules d'Hawaï juste au-dessus de la surface du plus bel instrument du monde (quoi que je donnerais cher pour entendre la même avec un marimba en bois), et une évidence - invention de feu W.G. Sebald sur Thomas Browne, dans les Anneaux de Saturne, qui domine :

A l'instar des autres écrivains du XVIIIème siècle anglais, Browne est constamment lesté de toute son érudition, un fonds colossal de citations comprenant les noms de tous ceux qui ont fait autorité avant lui; il use de métaphores et d'analogies qu'il pousse jusque dans leurs derniers retranchements et bâtit des phrases labyrinthique, se déroulant parfois sur une et même deux pages entières, foisonnantes, semblables à des processions ou à des cortèges funèbres. En raison notamment de cette charge énorme, il ne parvient pas toujours à décoller du sol, mais quand il se laisse porter, tel un adepte du vol à voile aspiré par les courants d'air chaud, de plus en plus haut, avec son fardeau, par les mouvements orbiculaires de sa prose, alors, même le lecteur aujourd'hui a le sentiment d'entrer en lévitation. La vue devient plus clair à mesure que l'éloignement augmente. Les plus petits détails vous apparaissent avec une étonnante précision. C'est comme si on avait l'œil à la fois collé à une longue vue retournée et un microscope. (traduit de l'allemand par Bernard Kreiss)


ici, une vérité et une chanson: le savoir c'est des processions, l'écriture c'est de l'air chaud, Lyman joue le "Quiet Village" de Les Baxter sans toucher une seule fois la terre.





Apparemment, chez Verticales on s'y connait pas mal en décollage spontané, donc j'imagine que Les essais fragiles d'aplomb de l'ami Senges ou le Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal vous mettront sur la voie du ciel, on hoppe, hop, hoppons.

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1 commentaires:

À 10:39 AM , Blogger A. G a dit...

On se croirait dans The Big Lebowski… Merci pour cette "perle" des îles et aussi — surtout — pour celle de Masami Kawahara ! C'est vrai que, en matière de perles, les Nippons rivalisent d'habileté avec les Hawaïens non ?
Cordialement.

 

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