characteristics of a gathering spring
Revenons sur des cartes, donc, des cartes très mal imprimées qui empêchent de déchiffrer les noms de lieux, des cartes à jouer dans les chemins, des vues satellites qui ne servent à rien d'autre qu'à faire cligner vos yeux, à rajouter une belle couche translucide et grasse de confusion sur vos idées embobinées. Nous parcourons la campagne dans la pluie battante, nous avons depuis bien longtemps abandonné l'espoir d'une destination correcte, nous entendons des soli de cliquetis partout depuis les fourrées, un beau son de synthétiseur pur, une fréquence inconnue, des belles architectures qui s'oublient, et il procède à de mystérieux exercices; il se force à fixer, pendant de longues périodes, jusqu’à quarante, quarante-cinq longues minutes, le même espace de bois. Les exercices l’aident, un peu, à supporter l’envie. Il sait qu’il y a dans le petit cahier en cuir tous les développements de l'histoire de ses habitantes, sa description détaillée, dans la plus belle des écritures, il fixe le bois et se met à compter, une par une, dans l’ordre ou le désordre, selon les jours, les fréquences qui habitent ses oreilles. Il les compte, tente de se les décrire en termes poétiques (ce qui n’est pas une affaire aisée, une fréquence est une chose très froide, très dure, impossible à plier, qui se refuse en principe à toute image), leur donne des visages (affaire plus ardue encore), leur donne des vies à elles. Il n’essaye pas de les attraper, mais se dessine quand même des chemins qu’elles pourraient suivre, des chemins compliqués comme un intestin, ou un flocon. Il se dit souvent à lui-même qu’une vie de fréquence ne doit pas être chose facile, surtout quand on habite dans la même paire d’oreilles, avec une multitude d’autres fréquences, voisines (faire un battement) ou lointaines (un accord). Pendant ce temps-là, pendant que les fréquences parcourent les chemins escarpés, mais dignes, qu’il leur dessine, son corps sue, et souvent, il dévore compulsivement, sans y penser, du pain mou du fond du sac, acheté la veille, en vue exacte des exercices, et il n'arrive plus jamais à se dire s'il est perdu où exactement là où il voudrait être; une flèche retentit.
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