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vendredi, mars 09, 2007

jailhouse tatt


Sans rire, j'envie surtout les architectes et les ingénieurs en ce moment, parce qu'ils ont tout pour eux, quand ils se lancent dans le projet d'une chapelle ou d'un pont suspendu, ils savent où doivent s'arrêter les lignes qu'ils tracent. Quelque part, "The Brief and Frightening Reign of Phil" de George Saunders, même s'il s'arrête une ou deux fois en route pour regarder quelques un de ses bonhommes bizarres pour admirer la beauté de son ouvrage, marche comme un plan de pont: sa folie de fable allégorique (Inner Horner, un petit trop petit pour accueillir ne serait-ce qu'un seul de ses habitants, voit son peuple en exil forcé martyrisé par celui d'Outer Horner, le pays limitrophe qui le contient) ne marche pas telle quelle, sans l'artifice de ses lignes telescopiques, ses articulations de sables aux formes impossibles certainement taillées au laser. C'est une maîtrise de petit dieu mécanicien (ceux qui l'ont lu sauront de quoi je parle) qui est au travail dans les échanges et les distributions de ses petits frankensteins en chair et plastique, dans l'oeuvre des évènements qui s'amoncellent vers la catastrophe, comme une prédisposition naturelle à l'omniscience dans le récit et dans la vie des personnages, quelque chose dont l'usage devrait être mieux questionné avant d'être étalé dans une fausse neutralité sans amont, sans problème, et ici, pour Saunders, une évidence messianique. Point de mécanisme d'horlogerie dans ce petit roman génial: Saunders parle de seed crystal approach, comme s'il se contentait d'égrener ses bonshommes dans sa fable-potage, mais ses mais tiennent ce monde tout entier en l'air et c'est ce qui l'empêche de s'écrouler. Petite chose immense.

1 commentaires:

À 1:11 AM , Blogger François Monti a dit...

Je pense te l'avoir dit quand on s'est vu, mais cette histoire de Saunders ne m'a absolument pas convaincu. Trop self-conscious, trop de "écoutez, je vous parle de politique là!!!", trop de "je suis un écrivain engagé, les gars". Et surtout, l'impression d'un machin fabriqué de toute pièce pour nous impressioner plutôt qu'un récit qui a la force de l'évidence. Saunders n'a pas écrit ça avec son coeur ou avec une sensibilité littéraire, non, il a écrit ça en planificateur, en fonctionnaire du récit étrange ou décalé. Ca ne vit pas, ça ne m'émeut pas, ça ne fait rien d'autre que m'agaçer. Si je dois baser mon jugement là-dessus et sur les nouvelles de "In persuasion nation", Saunders est un petit maître d'école campagnarde qui a le mérite d'aider des meilleurs écrivains que lui à accoucher leur talent, c'est tout.

 

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