I
d'abord de stéphane et miguel qui ne m'aident pas franchement à faire mes bagages mais qui me permettent de penser un peu à la plage quand tout ce que je vois c'est un avion raté après mehdi m'accompagne à l'aéroport, mieux peigné que moi il m'a préparé tout un tas de merveilles pour pas que je m'ennuie mais je sais que je ne m'ennuierai pas et puis des cartes de visite mais franchement je ne vois pas comment je pourrai donner des cartes de visite je suis trop timide (j'en aurai donné deux) je dois le laisser vite, il va voir les merveilles de niemeyer, moi un tout petit terminal crasseux et hop je m'envole les hôtesses de Jugoslavian Airlines ressemblent à des gros chiens, je suis en tête de cabine et du coup je ne sais pas où est ma tablette, du coup on me pose mon plateau repas en carton sur les genoux je croise Anne à la sortie qui me sauve parce que je dois trouver un chauffeur de l'ambassade qui ne m'attend pas moi et qui ne comprend pas que c'est moi le deuxième qu'il doit ramener en même temps que maider fortuné et puis patrick thevenin est là aussi et il pense que c'est lui qu'on doit ramener et moi je suis personne je suis un artiste c'est tout et je fais tout de travers je parle au chauffeur en anglais alors il ne comprend pas que je suis français mais anne est là donc tout le monde comprend un peu mieux on me dépose à l'hôtel casina, sur terazije, anne me dit on monte l'expo à la galerie ozone demande à l'hôtel ils t'indiqueront où c'est rejoins-nous je monte dans ma chambre soviétique en bois inondée de soleil au sixième étage avec double vitres qui tremblent avec les remous du traffic et puis je redescends à l'hôtel personne ne parle correctement anglais, on m'indique le SKC où personne n'a entendu parler de l'expo (joachim montessuis y joue pourtant le lendemain soir) à la place je marche un peu dans le gris le gris et un peu de soleil et puis de retour à l'hotel j'appelle Relja qui me rejoint immédiatement et m'emmène manger me briefe me donne mon survival kit à moi je suis perdu un peu paniqué les serbes ne sont pas le peuple le plus souriant du monde (il est pourtant l'un des plus empathiques) et hop je recroise anne au restaurant qui m'explique ah mais c'est tout simple pour venir à la galerie demande à relja et je demande à relja et il arrive à se tromper en me montrant un grand nulle part sur la carte je me retrouve dans les jardins du parlement et personne ne connaît la petite galerie qui vient d'ouvrir en fait je rentre à l'hôtel je sais que je dois attendre 22h pour aller à la radio et faire un live vers minuit en attendant je suis épuisé j'écoute where are you my hero en pensant à my hero et puis church of misery "ripping into pieces" que je n'ai jamais autant écouté dans la salle de bain mon visage est encore plus jaune blafard que d'habitude je redescends on va chercher marc de rechenzentrum qui joue aussi à la radio et à dispatch genre trois fois on marche jusqu'en haut d'une jolie colline recouverte d'arbres je crois que je vais beaucoup aimer cette ville marc est charmant très affable et il me connaît pas c'est bon signe on prend un taxi qui coûte quatre francs et à la radio je rencontre goran je suis étonné relja m'explique que c'est une ancienne radio libre mais là ça ressemble plus à radio france en plus propre et avec plus de plantes vertes on boit une bière dans une salle pour boire des bières et on enregistre l'émission je suis surpris quand on fait l'interview, relja ne traduit ni ses questions ni me réponses en serbe après j'improvise rivets en version ambiant et on reprend joyeusement un taxi je vais me coucher en regardant des pubs porno effroyables sur le gris de la télé. demain c'est off, je peux errer comme je veux donc j'erre en quête de typos et de jolies couleurs et puis je ne sais toujours pas où est ozone belgrade brille de partout même de ses ruines le soleil est absolument magnifique dans les vitrines il y a de la naphtaline mais aussi du jaune du rouge du gris les enseignes rayonnent en cyrillique je me perds dans le quartier de vracar et quand je photographie une porte d'immeuble un monsieur me montre son chien en me suppliant prenez le en photo ça lui fera tellement plaisir (la photo est ratée) je vais manger seul ensuite en espérant retrouver quelqu'un genre relja ou anne j'attend une demi heure puis relja arrive avec marc et lillevan, l'autre de rechenzentrum un irlandais né en suède qui vit à berlin depuis dix ans il est là depuis une semaine il anime un workshop jitter/max avec une dizaine de vidéastes étudiants dont andrejia dont je vais faire la connaissance deux jours après on parle tout l'après-midi ou presque il a rendez-vous avec sa copine croate il m'indique le chemin que tout le monde connaît sauf moi jusqu'au kalemegdan l'énorme parc forteresse qui va jusqu'au danube et je prends la kneza mihaila la grande rue de belgrade et je suis déçu je vois un gap vite je prends une rue parallèle je marche le long d'une sorte d'autoroute je n'ai jamais vu des feux rouges aussi longs et puis je remonte par le côté jusqu'au parc qui rayonne comme tout le reste j'imagine que belgrade est sale mais c'est impossible de s'en rendre compte dans cette lumière c'est mercredi pleins d'étudiants décorent la pelouse je tourne au hasard les virages dans les allées et j'arrive juste là où je voulais au zoo de belgrade on m'a dit tu verras c'est celui de "underground" de kusturica je m'assois sur un banc entouré d'enfants et de pintades en liberté, je regarde un canard au bec fluorescent, je regarde un kangourou pour la première fois d'aussi près allongé dans l'herbe avec d'autres pintades il y a le soleil pour cacher le marasme mais ce zoo est tout de même misérable et un peu sordide je cherche la sortie pendant un quart d'heure je la trouve j'ai soif je trouve une terrasse sous les arbres tout le monde mange il n'est pas encore quatre heures je rentre à l'hôtel je dois trouver ozone pour 19h parce qu'il y a le vernissage de "Dissolutions", l'expo curatée par anne roquigny et hop miracle je la trouve finalement c'est déjà plein de monde il y a des G5 collés sur les murs, des vidéos qui tournent, et, en bas, une très jolie installation de arnaud fabre qu'on jurait sortie de la tête de davide je bois du vin rouge avec cécile avec qui je parle pour la première fois et puis une jolie parisienne étudiante en théâtre perdue qui habite au dessus et qui est venue voir sa famille serbe pour la première fois et qui cherche des contacts et qui est tombée là par hasard parce que son père connaît le propriétaire de la galerie je l'aide comme je peux et goran m'emmène au SKC joachim montessuis fait un concert dans son installation quelques secondes de trop je sors et je trouve lillevan on va boire un verre dans un bar cave je rencontre andrejia et je discute une heure avec désolé j'ai oublié ton nom on parle architecture roubaix et autres en buvant de l'eau de vie de pêche je n'ai pas passé un moment aussi agréable depuis longtemps ensuite on marche jusqu'au club où relja et goran passent des disques tout petit on sort fumer un joint en face avec andrejia je commence à être épuisé et puis les bières sont géantes géantes je retrouve anne et cécile et hop trop de raggatronica je vais me coucher. ce matin j'ai un peu de temps j'esquisse l'idée de retrouver un quartier que j'ai à peine entrevu la veille mais peine perdu je m'allonge sur le gazon d'une université ensuite je vais manger je retrouve christof que je n'ai pas vu depuis une éternité et je suis très très heureux de le voir on va ensemble au sava centra où on joue ce soir. c'est une sorte d'énorme zénith façon soviétique et nous jouons dans l'antesalle, des décors et des mécanismes divers. je commence à m'installer, et puis davide et steph sont là. très peu de temps s'écoule après les accolades et déjà davide et steph sont sur scène je pense à "muswell hillbillies" la chanson est déjà c'est "um so piolio" et les agents de l'appareil sont applaudis quand davide reprend pile dans le tempo entre les roucoulements de pigeon et christof kurzmann tout de noir vêtu entame "the air between remembered" tout lugubre je fuis dans le hall au premier étage avec davide on se prend en photo dans l'énorme hall complètement vide du sava centra on redescends la boucle n'a pas changé et steph tient bon ensuite c'est à moi anne me dit réveille nous tout ça je m'exécute très à l'aise ça faisait très longtemps que je n'avais pas été autant à l'aise quand je joue "making time" je m'envole après c'est déjà l'heure de faire la fête à nouveau tout le monde me dit viens avec nous après le premier bar mais une bière ça suffit demain matin je me lève à 5h pour ne pas rater mon avion il ne faut pas que je rate mon avion je ne rate pas mon avion à côté moi hubert védrine a l'air perdu mais moins que moi et évidemment on décolle avec deux heures de retard.
II
Je sors de l'avion j'achète libé en zone internationale j'essaye de changer mes dinars restants évidemment c'est impossible ici j'appelle mehdi ma mère stéphane qui arrive je me replonge dans "riven rock" en l'attendant un peu sur un nuage un peu six pieds sous un gros éléphant quand stéphane arrive je ne sais plus vraiment dans quelle zone temporelle je suis mais je suis heureux heureux qu'il soit là on mange je trouve "the fortress of solitude" dans les best-sellers je n'y crois pas et puis on ergite sur la beauté du terminal 2F parfait parfaitement minimal me disait encore steph hier soir et puis six heures après déjà je me réengouffre en zone internationale encore un peu et je trouverais ça normal j'appelle mon père j'appelle zoé je toise mes voisins mes voisines il doit y avoir deux français qui attendent le même avion tous les autres les jeunes les vieux brillent et rentrent dans la queue je suis déjà à shibuya à côte de moi dans l'avion une petite princesses boude et souffle dès qu'elle doit me laisser passer je me passerais bien de sa petite moue méprisante et quand elle bouge elle a tellement d'accessoires que ça fait clink clonk. je ferme les yeux. je rate le décollage.
III
Evidemment il y a les typhons tout le monde m'a prévenu oh mais en ce moment au japon il y a des typhons alors on atterrit avec trois heures de retard pendant un typhon l'avion craquelle et gigote quand on touche le sol tout le monde applaudit ah bon je n'avais rien remarqué narita est noir et gît sous les trombes d'eau vite vite je trouve ma valise et yoyo ah yoyo! je suis tellement content de te voir je te prendrais bien dans mes bras mais je suis tellement fatigué j'oublie tout même que je suis au japon il y a gento aussi d'abord tête baissée, un peu effrayant, je te connaitrais plus tard on prend le bus qui tangue dans la tempête mais tout le monde a l'air de trouver ça normal ce soir à la télé je découvrirai qu'en fait c'est vraiment une tempête qu'on a traversé dis-moi avec des disparus et tout ça mais dans le bus tout le monde trouve ça normal yoyo s'endort, même (mais yoyo s'endort partout) on arrive à l'escel hotel tokyu au-dessus du tokyu store un truc érectile monstrueux qui surplombe shibuya de manière indécente je n'ai rien à faire là et effectivement je m'y sens très mal mais quand je vois sur un tableau le nom des gens dans mon couloir je souris nerveusement en face il y a carl craig à gauche il y a jeff mills je pourrais les appeler au milieu de la nuit si l'envie m'en prenait je me douche à la place je retrouve yoyo et gento en bas on va à sonar dire bonjour à la réception un message de walter m'attend à ce soir me dit-il. j'arrive au yebisu garden hall laminé et je comprend pas grand chose la foule est tellement compacte heureusement le garçon à l'entrée des loges est encore plus perdu il nous donne trois pass artiste à moi yoyo et gento on descend je rencontre tosh je mange je vois aoki et hanno et mayumi et puis walter un peu plus tard à l'entrée en attendant audrey et yoshi apparaissent je me détends mais je ne comprend pas je ne suis toujours pas arrivé à tokyo dans ma tête j'attend le dépaysement où est ce foutu dépaysement quand arrive-t-il (il ne l'a pas encore fait) je redescends have a cuppa tea je me fraye dans la foule en bas le type de guitar est encore plus pathétique que sa musique c'est le seul concert que j'arriverai à voir ce soir je cours au bar je prend un vodka tonic et je dépense mes premiers 1000 yens mais je suis laminé ai-je dit dans le hall un type de toulouse fan de hip-hop achève de me faire rentrer dans ma cage tout au fond. i need sleep. je demande si je veux marcher jusqu'à shibuya, c'est long? tout le monde me répond tu vas te perdre prend un taxi je prend peur donc je prend un taxi mais ebisu shibuya je le fais le lendemain après ma balance ça m'a pris dix minutes c'est un problème les tokyoïtes ne marchent jamais dans leur ville effectivement. lendemain matin, donc, je cherche un endroit où boire mon café et je me perds donc je retourne au starbucks un peu honteux et puis dans un combini j'achète une carte téléphone à 11h yoyo me rejoint on court à ebisu je m'installe dans la grande salle un peu anxieux sept ingés-son s'occupent de moi il est treize heures et je suis le dernier à balancer quand j'ai fini je prend une photo que j'ai perdu yoyo me regarde ironiquement c'est grand ici vraiment très grand. dans les loges une douleur s'agrippe au bas de ma colonne je bois une bière qui ne passe pas mais alors pas du tout mayumi me regarde tu bois déjà? et je me trouve un peu nul on part un peu j'accompage yoyo au magasin elle a rendez-vous avec sa collègue moi je vais marcher vers shibuya et puis je reviens quand je repasse elle est occupée je retourne à la salle essayer de me détendre mais en fait c'est une torture j'essaye de dormir un peu je regarde passer tous les musiciens qui ont l'air de trouver ça normal d'être là tu parles ce foutu après-midi est infini. quand je dois monter sur scène il y a déjà 2500 personnes. juste avant je serre la main à keigo oyamada parce que yoyo insiste ensuite j'y vais j'entame bruises très fort même en répétant le fuzz était réglé au minimum j'ai la tête coincée entre les deux retours je veux faire du contraste je mime coffee in the morning wine in the evening et puis c'est déjà fini j'achève sur making drone et quand je sors de scène tout le monde s'affaire au sol il y a eu un incendie pendant que je jouais. sept secondes pour redescendre tout en bas, audrey est déjà là, tout le monde t'attend dehors, robert, midori, elico, je prends des bières et je vais commencer mes vacances. j'entends quelque chose comme quoi cornelius et sakamoto ryuichi viennent de jouer ensemble dehors sur le parvis on me parle des vidéos derrière moi pendant que je jouais et j'avais même oublié qu'il y en aurait je n'ai rien vu on me parle quand même d'un avion qui rentre dans des tours je jure je n'y suis pour rien il paraît que ce sont les gens de portable kommunity qui sont responsables et je sens la foule gronder elle est venue voir human audio sponge la reformartion de ymo à peine le temps de saluer tous mes amis de dire voilà voyons-nous vite et aoki est sur scène j'entends gronder les sidecars et les pics et les pocs tournoient virevoltent et le pied martèle sur la pointe des pieds comme une danseuse c'est de loin le meilleur live que j'ai vu de lui ensuite hanno fait de l'acid jazz et se met à rapper je me demande ce qui se passe audrey fait la grimace je cours dans les loges quand human audio sponge arrive sur scène on leur construit un couloir de fortune avec des étagères on leur sourit on les photographie je préfère aller boire des bières avec dirk et kpt michigan un peu plus tard on me dit il faut descendre serrer la main à hosono j'y vais hagard au fond de la salle sakamoto boit du vin yoyo est toute rouge hanno même m'a l'air très nerveux on nous présente je marmonne trois mots il me dit active suspension est mon label préféré je remonte presque en courant je contre onta je pense à mon lit et puis je vois arriver lozi comme une bénédiction on s'asseoit autour d'une table et puis il est l'heure de se coucher lozi me ramène dans l'hotel je regarde un magicien faire des choses incroyables avec ses mains devant des japonais médusés demain matin je vais à la montagne.
IV
J'ai rendez-vous avec yoyo à shinjuku trois fois rien mais elle est en retard on ne se trouve pas tout de suite ensuite on remonte jusqu'à chez elle et lozi nous attend avec sa voiture à la sortie du metro j'observe le sosie japonais du feldman de daniel clowes qui chante en écoutant la radio posée à l'arrière de son fauteuil roulant électrique et nous partons dans un combini je demande à lozi de me trouver la boisson la plus bizarre du magasin j'ai encore la bouteille yoyo met le nouveau boredoms ils s'appellent voredoms maintenant il paraît je m'endors vite et puis il y a un supermarché yoyo achète un t-short à 365 yens et on arrive au milieu de nulle part au fond il y a effectivement la montagne mais au fond loin au fond seulement c'est une jolie showroom au milieu de nulle part la maman de yoyo y fait la cuisine le week-end à côté il y a un chien qui ressemble à un cochon chinois et un belge francophone qui fabrique des hamacs et qui cueille des kinoko toxiques peut être vite déjà le soir tombe la journée s'achève les cloches à l'entrée sonnent on mange du saumon sur un pas grand chose idéal paisible rien faire ici est un luxe. quatre heures et demi de train et shibuya remet tokyo en marche je veux marcher un peu avant de me coucher mais ici je ne peux pas marcher un peu des filles de seize ans me haranguent do you want a massage sir do you want a blowjob je m'enfuie tout en haut dans ma tour je prends un bain brûlant je m'efforce de penser à demain. qui est déjà là je quitte l'hôtel heureux j'ai rendez-vous à 11h30 devant hachiko le chien comme tout le monde avec robert qui arrive sur son vélo télescopique direction nakameguro qui est encore mieux que je l'espérais jolie quartier résidentiel trendy les rues serpentent et les voitures roulent tranquillement. chez robert tout est orange je me sens tellement mieux j'essaye d'enregistrer le trajet jusqu'à yutenji mais je n'y arriverai jamais. je suis supposé passer à la deuxième partie du symposium à l'université de keio on s'arrête dans un merveilleux bar à ramen avant et puis on se perd un peu immédiatement j'aime cette personne à l'université on tombe amoureux de la même fille et puis on fuit le symposium boire un café à la cafétéria de l'université un peu déçu cette université est aussi laide est triste que n'importe quelle fac parisienne et puis on va downtown près de ueno il fait noir nous avons déroulé les allées de shitamachi avant de rejoindre ebisu pour manger avec elico et yoyo dans un isakaya de okinawa style food. j'y ai mangé des joues de porc, quelques merveilles et bu beaucoup de bière, parlé (un peu) de politique avec elico et robert et je me suis laissé porter sur un jolie nuage de bien-être. merci. nous finissons par un thé à la cerise au magasin, je traduis un poème anglais en français à yoyo, elico me vante keroro gunsou et les vertus du virtuel pour les garçons un peu lonely et en rentrant à meguro, nous buvons du whisky et discutons jusqu'à quatre heures puis je m'écroule et robert va boire du café et finir une anthologie de littérature japonaise classique au bar du coin. Déjà, je suis à la ICC. Enfoui au fond de Shinjuku perché au sixième étage de la Tokyo Opera City Tower le centre culturel crâne en gâchant plein d'espace qu'il habille à peine d'une forête de joncs en plastique à l'envers derrière la vitre je vois l'installation de Mathieu Briand dans laquelle je vais jouer et puis très vite on me parle en français il y a une réunion bento autour d'une énorme table de réunion qui doit être faite pour ça tout le monde se présente à côté de moi Atau Tanaka qui parle français et anglais bien mieux que le japonais est le seul à se rendre compte que j'existe peut-être justement parce que je suis français ensuite je m'installe je sais que ça sera forcément bien moins haletant que sonar tous ces gens ont l'air très sérieux et à juste titre robert assis dans un coin baille déjà heureusement au premier étage philippe qui a organisé le symposium me fait faire le tour de l'exposition en cours où une video interactive de portable kommunity me réveille et me revigore je reconnais les images d'avions qui rentrent dans des tours en pixels fluos dynamités stroboscopés ensuite déjà c'est l'heure je rejoins la rangée des conférenciers tout de noir vêtus tous équipés de leur laptop pour la conférence en powerpoint et pour les emails pour pas s'ennuyer j'aurais dû y penser moi j'ai juste mon petit cahier griffonné de quoi j'ai l'air et puis quand même mon nom sur une petite étiquette à côté de moi un type de l'ircam me reconnaît peut être du temps où je vendais des billets là-bas et il doit se dire c'est pas possible qu'est-ce qu'il fait là et puis la conférence commence je suis hypnotisé par les deux interprètes qui s'échauffent dans leur petite cabine de bois je passe en deuxième je parle de ce que je connais de bruit de william gaddis de cage de varèse et puis un peu de moi et surtout pas de technologie et puis qu'en j'ai fini je réalise que cinq personnes doivent encore parler c'est très long je m'écroule sur ma chaise comme un lycéen et puis le texte de christophe charles me paraît d'un coup très poétique et puis le type de l'ircam fait doubidouwap avec les doigts quand il passe les vidéos d'une impro midi infâme entre bernard lubat et un logiciel il a l'air vraiment motivé par son jazz midi pourri ça fait plaisir à voir et robert est toujours vaillant sur sa chaise il tient le coup un peu d'eau sur le visage et on descend jouer. walter est là, midori arrive vite, un garçon marrant fait des sons magnifiques avec des tubes et max et puis je joue, une version calme est crushée de "solace kids" d'abord, mais les retours sont loin en haut au dessus de ma tête je n'entends pas grand chose je sais que ce sera décevant et c'est même la première chose que me dit midori c'était bien mais moins bien qu'à sonar ensuite christophe charles fait tourner protools et des sons vieux de l'époque de "dok" atau fait une démo de son logiciel les élèves de iamas font du gagaku futuriste et c'est fini je prends en photo sans le savoir ji-ji que je rencontre juste après et on va manger dans un restaurant junk juste en face et puis on va à superdeluxe à l'aftershow où atau doit jouer, encore, mais sur place, il n'y a presque personne, je paye un verre à midori qui a l'air paniquée que je lui paye un verre et je me dis c'est marrant en france mes copines se laissent toujours payer des verres sans broncher mais je ne tombe pas dans le fossé on va s'asseoir audrey et yoshi arrivent je fais la connaissance de ji-ji atau dit only friends tonight this is nice mais c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de monde il joue filtre des rhytmes jungles très laids avec ses capteurs robert écrit sur son téléphone this is shit let's go after this track et puis atau s'arrête de lui-même. on laisse walter rentrer en vélo avec ji-ji et puis on rentre à meguro on rentre par le chemin serpentin on monte sur le toit de robert avec midori on boit du vin de prune en regardant tokyo c'est assez magique midori dit my house has no roof et pas my house has no roof to climb upon et on rit doucement en imaginant sa maison sans toit vers deux heures elle va se coucher on la raccompagne et on va s'asseoir dans un joli parc un peu glauque avec quelques corbeaux boire un peu de whisky très cheap en regardant les étoiles pas besoin d'être à tokyo peut-être pour faire ça et en même temps je n'aurais pu vivre ça nulle part ailleurs j'en suis certain la ville est devenue gluante elle est là tout le temps autour je n'ai même pas besoin de la voir je sais juste que j'aimerais être nulle part sauf ici cette année je ne suis pas dépaysé je suis juste là à tokyo avec des amis et je crois bien que j'aime beaucoup cette ville. On dort quelques heures, puis on va boire un café à idee station café où mehdi a organisé son shoboshobo il y a quelques années les serveuses sont fashion mais souriantes c'est ça que j'aime dans ce pays ce n'est pas ringard d'être souriant ensuite on tourne dans meguro je vois des chats et des jolies maisons et puis on va manger un curry dans un restaurant pleins de petits trains on tourne encore on va à la banque j'appelle walter qui était porté disparu depuis hier soir et puis on va à shibuya parce que là-bas on est sûr de se trouver ji-ji est là on passe tous ensemble à plop dire bonjour à nao et masami qui est toujours aussi adorable je suis tellement troublé en fait qu'il faut partir vite vite on passe à warszawa le disquaire qui vient de déménager il y a tous mes disques et puis il fait tout gris et puis je signe le comptoir avec un marker je passe dix minutes à essayer de trouver ce que je vais écrire on s'en va ji-ji et walter s'arrêtent pour manger et puis on va à harajuku évidemment le temple vient de fermer il est 17h on erre dans derrière omotesando dans les petites rues on rentre dans une librairie quand on en ressort il fait nuit ji-ji est partie à tower records j'achète trois disques de boris et on reprend le métro pour yokohama pour une des meilleures soirées de ma vie. on va à chinatown on a rendez-vous avec nao suzuki dans un petit restaurant avec un télé qui passe des soaps chinois pleins d'effets dramatiques remarquables quand la serveuse arrive avec des chopes glacées je sais que cette soirée va être merveilleuse. les deux bouteilles de shaohsing à la fin du repas achève de nous mettre de très bonne humeur sur la baie de yokohama le vent souffle on ergote sur le fatobar je m'amuse comme rarement je me suis amusé puis on va dans un bar gay absolument vide boire des bailey's blowjobs qu'on paye certainement une fortune mais je suis tellement heureux je n'y songe pas un instant on reprend le dernier train pour meguro tous ensemble on va certainement devoir dormir tous ensemble dans le minuscule appartement de robert who cares il sort son alcool coréen on écoute des quarante-cinq tours de musique traditionnelle en chaussettes nao nous montre des chorégraphies avec ses mains elle bat la mesure je suis fasciné par son sens rythmique complètement exotique pour moi l'alcool aidant j'y comprends encore moins et puis on rit on rit on rit à un moment je m'endors puis je me réveille puis je me rendors je ne sais même pas quelle heure il peut être soudain il est l'heure de se lever j'ai rendez-vous chez audrey et yoshihito à 11h à mejiro. le soleil se montre pour la première fois depuis dimanche et yoshi m'attend déjà à la sortie du métro. nous remontons chez eux audrey est sous la douche l'appartement est joli minuscule adorable les tas de livres et de disques me font penser à chez moi évidemment. sur une étagère un collage d'audrey, en haut d'une pile de livre le quarante-cinq tours "ok fred" de errol dunkley, sur la table basse du foucault du deleuze en japonais audrey a préparé à manger des patates douces du tofu du riz de la salade je suis affamé on discute audrey me parle d'art contemporain elle ira loin yoshi cherche un disque à me conseiller mais il ne trouve rien on écoute the anomoanon et je peine à reconnaître will oldham merci ça sera mon meilleur déjeuner. puis on décide d'aller marcher dans un petit parc à côté joli soleil une école de jeunes filles dessinées par frank lloyd wright et puis on parle de the big one le tremblement de terre qui renversera tokyo comme un château de cartes peut-être et c'est déjà l'heure de se quitter j'ai rendez-vous à 15h avec walter merci je suis très très tellement heureux de vous connaître. arrivé à shibuya walter est en retard j'essaye d'appeler robert en vain il ne répond pas on décide de rejoindre harajuku à nouveau de voir le temple mais c'est peine perdue puisque je dois aller acheter un micro à stéphane du coup ça devient une sorte de moment shopping et je suis tellement écoeuré que je n'achète rien rien rien rien du tout j'appelle robert qui me dit qu'il a rendez-vous à 9h30 avec une amie spéciale et je me dis que je vais le déranger on passe à disk-union et j'achète deux disques de church of misery et on remonte vers harajuku dans le noir on appelle ji-ji qui doit nous retrouver dans une demi-heure et on se perd dans yoyogi dans l'obscurité quasi complète puis on demande notre chemin heureusement qu'on n'a pas suivi le sens de l'orientation de walter on y serai encore ji-ji arrive sur son vélo et nous propose d'aller boire un thé dans un endroit très spécial. on y déguste des petits gâteaux aux haricots rouges et du mochi au chocolat en silence avant de repartir dans harajuku dans les petites allées serpentines on monde dans un magasin de sport dire bonjour à un ami de ji-ji à un croisement de deux rues walter croise une amie américaine l'adage comme quoi on ne rencontre jamais à tokyo me semble tout à fait exagéré on a un moment très précieux avec ji-ji puis on va manger des sushi très moyen dans un sushi bar teenage pas terrible où on trouve même des sushi burgers. ensuite on remonte à shibuya et à minuit je panique je prends le dernier train de la toyoko et à yutenji je me trompe de chemin je me perds je mets 45 minutes à trouver la rue de robert puis quand j'arrive devant la porte il y a un mot qui commence par "mister o.lait" et qui me somme de ne pas rentrer d'aller à idee et d'attendre avant de rentrer puisque robert and his "special friend" sont très affairés je l'appelle d'une cabine il me dit idee ferme à 4h est-ce que tu peux rentrer à ce moment là? et moi je n'ai pas de livre pas mon discman et je vais attendre à idee tout seul expérience inédite à 3h je craque je vais m'allonger dans la cage d'escalier je croise une voisine médusée un peu paniquée j'ai froid j'ai froid puis robert sort en caleçon i just fucked, man tu n'as qu'à venir dans dix minutes tu t'allonges dans le couloir et tu t'endors paisiblement tu n'as pas trop froid et là incroyable robert se faisait du souci tout de même il pose sa main sur ma joue pour vérifier si je ne suis pas trop glacé. je me couche vite je sais que j'ai rendez-vous à 10h à shinjuku avec walter pour aller à asakusa et faire mes dix minutes de sightseeing. ce qu'on a fait haletants finalement assez heureux des sept huit images d'épinal qu'on a pu se mettre dans le crâne puis on remonte à shinjuku walter a rendez-vous avec des amis de sa colocataires pour récupérer de l'argent et des affaires mais il y en a sept kilos il faut pourparler pendant une demi-heure avec deux japonaises qui ne parlent pas anglais dont une ressemble à la version maléfique de tommy february on est affamés on va manger un tonkatsu on traverse un pachinko parlour un temple en rénovation on discute les voitures martèlent on veut monter en haut d'une tour mais le temps nous manque j'ai rendez-vous avec elico qui nous emmène quelque part très loin à la uplink gallery et pourtant on croise audrey incroyable ça n'arrive jamais mais c'est l'occasion de la revoir une dernière fois avant de disparaître des peluches maléfiques se font la guerre et dépècent des petits chats noirs à deux corps nous buvons un café glacé nous discutons avec le garçon qui a fait la bande-son de l'exposition et puis il est l'heure de partir gento joue à endan à koenji accompagné à la batterie de yoyo je ne veux pas rater ça. elico nous emmène à toute vitesse quand nous arrivons dans le minuscule magasin bondé le premier groupe a déjà commencé le chanteur enfile des accords volontaire le bassiste s'y prend pas mal lorsqu'il tente un solo des fragrances seventies explicitent le t-shirt acid mothers temple du chanteur qui est en fait le boss du magasin celui qui collectionne les disques avec des pandas sur la pochette m'explique elico qui semble avoir retrouvé tous ses amis ensuite un trio synthé xylophone basson piano s'installe qui enchaînent des ritournelles simplistes mais adorables le leader ressemble à un fan de musique qui aurait entraîné ses deux meilleures amies d'école primaire dans un rêve de pop onirique ici seulement ici peut-on voir des choses comme ça. entre les live acts la faune de super habitués bouge à peine moi et walter nous observons un peu gênés et puis l'heure avance je dois être à 22h à shinjuku pour ma dernière soirée avec robert enfin gento arrive se met au piano marmonne quelques mots qui font rire le public aux éclats et joue romantique quelques touches blanches éparses et puis yoyo et ses deux amies arrivent lookées gothiques et entame une sorte de n'importe quoi abstrait mais très énergique l'ingé son se marre yoyo tambourine et déjà c'est l'heure de courir au metro elico est hors de portée yoyo en train de jouer nous devons partir comme des voleurs plus tard par email elico m'écrira je t'ai couru après quand j'ai vu que tu étais partir mais c'était trop tard nous sommes déjà à shinjuku samedi soir la foule est compacte nous sortons du mauvais côté de la station j'ai l'impression que le chemin est infini jusqu'au rendez-vous puis robert arrive derrière nous par hasard encore une rencontre fortunée fortuite il est un peu étrange un peu figé ce soir je pense mais très vite dans un petit yakitori de tripes rue de la pisse le hoppy détend tout le monde sauf moi il me dit ce soir tu ne dormiras pas je te promets qu'à sept heures tu seras dans le narita express et effectivement cette nuit là je n'ai pas dormi. au third planet de shibuya, nous sommes rejoints par midori chan et ji-ji, je suis hypnotisé par la fatigue par l'horlogie je me lève toutes les dix minutes pour me passer de l'eau sur le visage vers quatre heures je me plante devant un écran d'ordinateur j'écris un mail un seul je discute avec midori qui est très bavarde ce soir c'est agréable sauf que je suis complètement décalqué robert enchaîne les whiskies et puis il est 5h l'heure de prendre le premier métro de faire la bise à midori parce que c'est comme ça que font les européens de passer prendre mes affaires chez robert de remonter à shinjuku il m'avait promis je te mets dans le narita express il a tenu parole. je suis déjà reparti. certains me manquent déjà.