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mercredi, décembre 27, 2006

I LICK MY LIPS: parmi Against The Day, page 1


j'ai été très silencieux, je doute même que quiconque ne vienne un jour ici constater la mise à jour, quoi qu'il en soit, j'ai décidé de ne faire rien d'autre pour le moment que de recopier ce que je crayonne dans mon petit cahier noir, à la lueur d'Against The Day, puisque rien d'autre, ou presque, n'occupe mon esprit ces jours (en fait, il y a bien deux ou trois choses, entraîner la mémoire de mes mains, entraîner diverses dépendances à quelques acrobaties, à quelque voyage, mais je mets tout ça dans une boite en bois pour le moment), je fais vite, j'ai rendez-vous à la banque un joyeux noël à vous si vous passez par ici et n'êtes pas envoyé par un robot

d'abord, mon autorité, un contexte; mon esprit tutoie P. depuis très longtemps maintenant, j'ai même eu en tête à une époque une chose qui s'appellerait les enjeux de l'information, il me dirige donc sans équivoque depuis presque autant de temps, comme il en dirige d'autres; mon plongeon s'apparente donc à un délice, d'autres préfèrent parler de grâce, d'envol, mais vu le traitement que P. fait des déplacements dans les airs, les tressaillements de la lumière, je préfère la bouffe, un vrai rempart de réel dans ce roman, ou un restaurant arctique, même, Narvik's, "Mush-It-Away Northern Cuisine", reste ouvert toute la nuit et attise les appétits, provoque des queues de manants collés, avec une belle spécialité, le Meat Olaf, des oeufs de skua, des côtes de morse, des parfaits à la neige. Rendez-vous page 135. j'y plonge.

Possibles et pas possibles: pas-de-côté de passé, anticipation, retrofuturisme: ATD est un peu tout ça, et complètement autre chose, exactement comme Gravity's Rainbow; jusque là (page deux cent, environ), ATD est d'ailleurs et sans sourciller celui auquel il ressemble le plus: il percute monceaux d'histoire connue, détours vers la fantaisie et piles de mystère, ces moments très cruciaux où s'amorcent des aventures mystérieuses dans les films d'aventures et rien que d'aventures, puis abandonne les aventuriers, revient vers l'histoire désintégrée, qui se fout d'avoir suivi un autre noeud de chemin. Les intrigues nous contemplent de leurs présents alternatifs et magiques, hilares, marmonnent, "vous vous croyez tellement plus plausibles", cabriolent, disparaissent. Tout commence dans un grand bruit, les Chums of Chance débarquent d'un vieil illustré, numéro machin d'une longue, très longue série auquel P., sale type sans coeur, fait constante référence, comme il renvoit sans cesses à divers indices, à attraper au vol, à poser sur le papier, impérativement, puis, au détour d'autres indices emmêlés, vérifier, comparer, tester, puis, si le P. qui raconte est généreux, affirmer (ainsi, pour les Chums of Chance, leur rang, leur spécialité, se reporter à mille-et-une locations du livre, si possible dans la bouche d'un personnage qui narre le temps d'une histoire, comme le récit de Fleetood Vibe de l'expédition Vormance, vers la page 133, où l'on apprend que Chick Counterfly est "science officer" (141), ce qui sert plus que de savoir que Blundell, cuisinier, est ukuléliste), ou, au contraire, infirmer, parce que l'indice renvoit à cet ailleurs permanent de savoir hors-de-portée, dans cet ailleurs merveilleux où tous les récits de P. finissent, s'expliquent, se démêlent, où la fiction éjacule son savoir et où tout se vérifie. J'aimerais bien, à l'occasion, aller y faire tour, consulter les épais volumes sur les étagères, passer du temps dans les allées "science", surtout celles de traverse, les alternatives où l'on trouve les autres livre de Tesla, ceux qui n'existent que dans le livre, les cahiers du Transnoctial Discussion Group, consulter les petits précis sur l'Aetherism et le Quarternionism, la Michelson-Morley Experiment, et puis, le temps d'un café, relire tous les Chums of Chance, du premier au dernier, pour un mieux comprendre les personnages. Histoire d'étalonner un peu la fiction. En attendant de vous expliquer pourquoi ce haut-lieu de haut désir est justement à éviter comme un abattoir et un beau contresens, je contemple le paradoxe de ma petite tâche minuscule, le contresens gigantesque mais nécéssaire pour jouir un peu de quelques rencontres fortuites de pièces du puzzle ciruculaire, je regarde les notes, les noms que je recopie, hilare, fasciné, comme autant d'amorces d'avortons d'histoire (parce que comme dans la grande route de Gravity's Rainbow, chaque nom de personnage est une promesse d'histoires) et même, pour les destins emmêlés des familles Traverse et Vibe, une Histoire en grand qui poursuit son chemin comme un tronc d'arbre auxquelles se raccrochent les racines, et c'est sûrement par-là qu'Against The Day assassine Gravity's Rainbow, d'ailleurs, et fait montre de son âge (mais je n'ai rien vérifié, encore, je n'en suis qu'à un cinquième du pavé): une histoire de familles?

à venir: