intererupting

petit jeu avant le sud, un temps,
d'où vient la boucle qui anime ce méchant étalage de crasse dans l'oreille?
vous aurez au moins gagné le privilège d'en savoir plus que moi
"You are the ONLY person to visit this page. No one else will ever come here"

je rentre du Danemark et je dois dire,

avec les boutons on peut faire un joli visage

1969: The Singular Excursion of the Anium Otter
(...)
Howard Hugues came up with the idea during the paranoid tailspin of his dying years. After seeing a documentary on cryptozoology, the study of animals that turn up in places where they don't belong, Hugues concocted a scheme to secretly transplant a herd of kangaroos from Australia to the South Dakota badlands. He somehow convinced himself (years of codeine abuse may have played a role here) that the appearance of kangaroos outside of Rapid City would trigger an "international cryptozoological incident" that the U.S. government would have to spend millions of taxpayer dollars investigating, thereby draining the Treasury and forcing salary cuts at the Department of Internal Revenue. Hugues hated taxes, and the thought of I.R.S. staffers losing their Christmas bonues over a bunch of marsupials made him happier than a bucket of cough syrup.
Early in 1968, Hugues telephoned Melvin Dummar (a friendly Utag gas station attendant who'd once picked him up hitchhiking in the desert) and confided his plan. Dummar agreed it was a stroke of genius but said it reminded him of a novel he'd heard of - not actually read, but heard of- in which Mormon sewer workers do battle with albino alligators beneath the streets of Salt Lake City. A novel? said Hugues, and in a few narxotic-assisted leaps of the imagination decided that the feds had foxed him somehow, figured out his intentions and rushed into print to taunt him with their foreknowledge. He asked Dummar who the book's author was, and Dummar told him, sort of.
Back at the Desert Inn Hotel in Vegas, Hugues whipped up a set of blueprints for a gigantic cargo submarine and engaged a Detroit shipwright to build it. The sub's hull was to be composed of a mixture of titanium and germanium, an ultrastrong alloy patented simply as "anium": hence the name of the completed vessel. On November 30, 1969, The Anium Otter was launched into lake Erie with a bellyful of kangaroo and Hugues at the conn.
On the 8th of December (there'd been a delay sneaking the sub through the New York State Barge Canal) a Finger Lakes marijuana farmer named Thomas Pinch was awakened in the night by sounds of stampede. Thinking, much as Hughes had, that the government had got wise to his business, he grabbed a shotgun and a terrycloth bathrobe and headed for the door of his cabin, only to discover that some forty-odd kangaroos had broken into his camouflaged greenhouses and where chowing down on his cash crop. When a particularly large and woozy 'roo began to make boxer-like gestures in Thomas Pinch's direction, the farmer bolted back inside the cabin, but not before a cackling Hugues managed to snap a single flash Polaroid.
By dawn's first light the herd - along with half an acre of winter cannabis - was gone, though not without a trace. Thomas Pinch followed the profusion of kanga-prints down to the edge of tge lake. The tracks came out of of the water; the tracks went back into the water.
Shit, Pinch thought, no one's ever going to believe this. Drifting in the deeps off Taughannock Point, Howard Hugues chuckled and lit himself a joint.
The I.R.S. had the last laugh. The fate of the forty kangaroos is unknown, but after Hugues's death in 1976, the Anium Otter was auctioned off to help pay the seventy-seven percent inheritant tax on his estate. The Otter was purchased by one Dobi Khashoggi, the black sheep expatriate third cousing of Saudi arms dealer Adnan Khashoggi, for resale in the Middle East. A number of desert sheiks expressed interest in owning a submarine, but Adnan, acting in a fit of pique, managed to sabotage every prospective deal until Dobi was completely humiliated in the eyes of the family. And so Hugues's last brainchild - now more albatross than otter - spent the next thirty-eight years sitting in a huge vat of preservative grease on the Motown docks, until Morris Kazenstein came by to a look at it. By this point Dobi's disgraced descendants were only too happy to unload the cursed thing, especillay on a Jew, and they let him have it for a song.
The Polaroid snapshot Hugues had taken was left aboard the sub and remained there throughout the decades of cold storage. During the lengthy processing of transforming the Anium Otter into the still larger and probable Yabba-Dabba-Doo, Morris found the faded photo tucked away in the periscope housing. He gave it to the chief engineer, Irma Rajamutti, a graduate of Bombay University with a double major in applied mechanics and eccentric literati. After the submarine refit was complted Irma taped the Polaroid up on the wall of the engine room. If asked who the guy in the terrycloth robe was she would reply: "J.D. Salinger."
Having already been misidentified once in a big way, Thomas Pinch probably wouldn't have minded this.

nouveau livre dans deux semaines

allo

La question parmi toutes les questions du monde que je préfère me poser quand je suis point par point, centi par centi, les lignes d'un récit: mais pourquoi donc écrit il/écrit elle ça? De quoi ça parle? Où sont les fils du dirigeable? Et de me perdre comme tous les autres dans les profondeurs aqueuses d'une histoire surgie d'un nulle part aux amonts insondables, si l'on osera un instant contourner les fils des images, les fils des testaments, les fils des bouts de cultures qui brillent dans les pebbles de la rivière qui s'écoule, bourdon d'échos en plein, vers un autre inconnu sans esquisse de forme, même, à peine tenu entre les mandibules d'un forceps de symbolisme, de métaphores, à peine décelable, à tâtons, dans un gros nuage d'intentions sans précédents; à tâtons dans un mystère qui avance de son propre chef, ignorant du commun des récits qui aiment à mirroirer le monde, l'époque, les soucis, la psychanalyse ou la caverne de Platon, on s'interroge: mais pourquoi il/elle raconte ça? Pourquoi cet univers? Pourquoi se passe-t-il ci, pourquoi subvient-il ça, c'est une belle question qu'on peut retourner comme un gant, en: il n'y a rien à dire ici, il n'y a rien qui veuille porter de la voix ou du sujet, il n'y a rien qu'on manipule, il n'y a rien qui se reflète dans ces murs de miroirs disposés en regards d'eux-mêmes si ce n'est une lumière toute vide qui donne un vertige de rien, comme un geste nihiliste, auquel on rétorquera, dans le bonheur du flou, qu'il y a tout à trouver dans un mystère total qui s'amplifie par lui-même, à commencer par le vertige de la fantaisie vraie, totale, toute puissante, qui sait, toute sirupeuse de son pouvoir, complètement vous entourer dans son corps, jusqu'à cacher les tentacules qui la lient à ses origines, aux rangées des bibliothèques, ces tentacules mêmes qui, si souvent, attachent nos pupille dévoyées de lecteurs aux aguets à la terre ferme de l'exegesable, qui tuent le feu des histoires en retraçant le sentier jusqu'aux mythes, aux incunables classiques qui ricanaient et glaçaient déjà tout le sang de la lectrice humanité quand nous étions encore dans les couilles de nos pères, jusqu'aux ancêtres, jusqu'aux vrais inventeurs, ceux qui ébauchaient les plans des machines volantes qu'on s'ébroue encore à essayer de faire marcher correctement dans la flaque de notre soit-disant modernité.
Dans l'intrigue (pas en carton), une idée d'abord lisible, une prophétie en kit, un deuxième déluge, pas tout à fait un apocalypse, qui engloutit l'humanité en même temps que son monde, et un hôpital - son service pédiatrique, ses enfants mourants - flotte tout entier sur le növö monde-océan pour raconter le jour d'après. Des anges pourvoient les survivants en tout (inclus, l'hôpital qui pousse des annexes pour la survie luxueuse des survivants, une machine à synthétiser n'importe quoi, n'importe quoi scénaristique, j'adore), les harcèlent du regard et de messages d'amour sans pour autant être des réveils matins vraiment fiables, et, surtout, assurent le récit, écrivent les nouveaux évangiles, avec, au premier plan, un ange enregistreur, instance à témoigner, à raconter, homme dans une autre vie (je ne spoilerai pas le reste), qui raconte l'histoire de Jemma Claflin, l'interrompant à peine dans les interstices, Jemma interne sans conviction, désespérée, quasi postergirl de la résilience (frère autotrucidé par le torse à 17, maman suicidée dans l'incendie de la maison familiale après la banale mort de papa), au centre de la tourmente, au centre de l'apocalypse même, bientôt héroïne, bientôt magicienne d'un don à ne pas révéler non plus pour ne pas tout gâcher; l'hôpital des enfants qui reste et qui existe par sa fonction, d'abord, avant tout le reste, avant les questions aux anges, permanents mais insondables, tout le temps sur l'épaules des survivants comme la douleur des enfants suppliciés, tordus, débiles, baveux, fous, obscènes, et là, dans le déroulement de l'âpre l'après, la forme racée, allongée du récit dont chaque chapitre, sans compter les interstices, lance ses propres enjeux, ses propres aventures, ses propres concentrations, se joue tout le mystère du livre, la grande boucle imperturbable de l'histoire, de sa cruauté, la grande Raison de sa mise au monde effroyablement douloureuse.
L'écriture même est cruelle, n'ignorant aucun détail des maladies congénitales, accidentelles, terminales des enfants, enfilant les images glaçantes, très innovantes, de "chair dense", d'urine, de squelettes broyés souffreuteux, de folies priapiques, frontalités dégeulasses (et, de savoir-faire, délicieuses) contre les corps, quand le regard de Jemma même exulte l'overdose des supplices mêmes ("quand le patient était très gros, on avait l'impression d'être à un barbecue"), sans que jamais n'écume l'ironie ou la distance, débordant en tout point d'humanité, de sagesse dans le face-à-face avec ces épîtres incarnés de souffrance humaine. Dans la population de médecins, de parents, d'illuminés, de petit personnel qu'abrite hôpital, on ne verra jamais un microcosme de l'humanité, mais, pour coller à un beau réel tangible de faits, une petite multitude d'individus plausibles, beaux, laids, égoïstes, un rescapé amnésique de l'océan de mort au comportement lamentable, des mères insupportables, des amies qui trahissent, une parodie de neo-democratie qui condamne ses héros. Rien ne se passe vraiment pour illustrer quoi que ce soit, même pas le débarquement final, même pas l'accouchement d'une nouvelle humanité, plutôt sa parodie jouée et scénarisée par des survivants désespérés de comprendre ce qui leur arrive, de ce qui leur est arrivé, juste de la survie qui s'organise, un quotidien qui se déroule dans l'ennui de pages en creux, quelques événements sans explications qui surviennent juste pour emmener des conséquences, un hôpital qui doit se réinventer quand ses patients deviennent des miraculés, puis redevient un hôpital quand la mort se remet à rôder pour finir le travail de l'apocalypse.
Il y a, juste, un décor, des événements terribles, des gens normaux qui font face, qui abandonnent, qui ne font plus face, dans le feu bleuâtre d'une écriture terrible, puissante, épuisante, pas tout à fait virtuose, tout à fait visionnaire. Je ne tenterai pas le comptage des moments de bravoure, la matière du texte est trop dense et trop friable, sachez donc, juste, on ne comprendra rien du pourquoi de cet hôpital qui flotte à douze miles au dessus des restes du monde, on saura juste que ce qui s'y déroule est passionnant, juste, comme dit le Dr. Chandra, au bout du monde qui demeure, face à la douleur totale qui subsiste après la fin du monde, une question soulevée par l'immense stratagème obscène du livre, "There's a whole hospital worth of misery out there (...), it was never part of my life, taking care of kids with a piece of soggy fucking origami where their heart should be. Why do I have to deal with it now? What's the point? What are we being trained for, anymore? What? (...) Why, why, why?"

| Conférence, le Jeudi 12 juillet | ||
| A 19h30 : Une conférence sur le "Harsh Noise" illustrée d’extraits sonores de Merzbow, Whitehouse, Maurizio Bianchi, The Haters, Hanatarash, The Gerogerigege, Massona, Prurient, John Wiese, etc. par Olivier Lamm, critique rock à Chronic’art. "Le Harsh Noise n’est pas anxiogène mais, pire encore, un assaut volontaire, une menace littérale pour le corps, un marteau piqueur, un livre sans narrateur ni personnages, un cylindre de douleur, une aberration au monde à moudre du signe, ce qui n’aurait jamais dû s’incarner en somme". O.L. (extrait du magazine Palais n°3). | ||