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jeudi, mars 22, 2007

retour de flamme


mais OUAIS

ce truc fabuleux n'a pas vieilli une seconde dans l'histoire, coeur-coeur, beats plouf, groove de hoquets, j'adorais ce disque, puis les ordinateurs nous ont trahi, le temps a coulé, je le réécoute ce matin, je l'adore encore (il y en a peu)

stack le 12" qui a suivi était fabuleux fou aussi, mais je ne peux pas le réécouter, là, mon luxman est mort, je ne peux pas brancher ma platine, et puis après, clac! de clapet, silence radio, et les nases ont tout gâché, les nuls ont tout foutu en l'air

monsieur randomiz (matez ce regard, ce regard) sortez du silence, venez flinguer un dj minimal, un gamin blasé, ou deux, faites quelque chose
















et puisque c'est rare je vous en mets un tout petit bout, un abdon

mardi, mars 20, 2007

crops that you tend (geronimo N°23)

Ce jour, je me trouve câmé, et ça fait une petite semaine que ça dure, au rythme effréné de cette forteresse de beaux hasards qu'est l'Almanac of the Dead de Leslie Marmon Silko, à sa myriade de petits gangsters, de smugglers idiots, de clochards savants, de sorcières dangereuses, je suis accroché à sa collection sns épine d'histoires éclatées, son plaid plein de trous de mites, et, je ne m'y attendais pas du tout, mais l'absence totale d'un axe tangible pour tenir cette belle hélice est beaucoup plus crucial que je ne l'aurais imaginé (la faute à son précédent Ceremony, sûrement, et à sa réputation d'item inévitable des cultural studies, ça me rebute), Silko lâchant totalement la bride de sa voix qui narre, folle, qui suit, apparemment, les héros et leurs petites bribes de destin comme on regarde passer les gens dans la rue, comme on en suivrait quelques-un au gré de ce que leur apparat pourrait bien avoir à nous raconter sur leur présent, leur passé, leur passé antérieur, puis, un peu plus loin, comme on prendrait la tangente d'une rue perpendiculaire pour en suivre quelques autres. Evidemment, une carte au début du roman indique bien, de sa distribution, que le tout se tient sans crevasse, les personnages font la chaîne, s'invitent dans les histoires des uns, des autres, mais le parcours dans la mêlée est tout à fait aléatoire, grignotant petit à petit en distribution de Poisson l'immense région de son sujet immense (les indiens, au Mexique, en Arizona, à El-Paso, les vivants, les morts, les morts-vivants, qui errent dans les amériques, qui foulent sans objectif dans les limbes modernes, le monde fini, la fin du monde chrétien, la fin du monde tout court), c'est très réjouissant. C'est aussi tout à fait furieux, tout à fait noir, tout à fait impitoyable, si je n'avais pas peur de me faire remonter les bretelles, je crois bien que je comparerais même cet almanach là à l'histoire de traverse du Tenderloin et de ses magnifiques putes magiques par Bill Vollmann dans sa Royal Family, parce qu'on y retrouve quelque chose de son quotidien infini posé au jour le jour, sans peur d'épuiser les yeux, sans peur d'épuiser les mots, quelque chose de sa manière de lier sans hésitation calque clapoteux du sordide en coups sur la tête et accélérations surnaturelles qui nous envole vers la lumière.

En b.o. parfaite, tout aussi toxique, tout aussi aléatoire, l'americana en lambeaux du We Are All Hopeful Farmers, We Are all Scared Rabbits du collectif informe Badgerlore (dedans il y a Rob Fiske, premier guitariste de Deerhoof à l'époque où c'était un duo de bruit et chef de 7 Year Rabbit, Ben Chasny de Six Organs of Admittance et maintenant Comets on Fire, et puis d'autres encore, un type de Charlambides ou quelque chose comme ça) erre dans mon séjour depuis à peu près le même temps, et sa manière de faire traîner les fausses notes dans le static des amplis, des flashes de bruit-code, et des choeurs approximatifs et tout à fait idéal, avec ou sans le livre, je vous conseille ce beau disque de poussières en suspension sans pathos pâteux de tout mon coeur, en plus, c'est édité par Table of The Elements, ex plus beau label du monde, qui semble avoir rescuscité, vous parlez d'une histoire de sorcellerie.

samedi, mars 10, 2007

robots, hawaïi, afterlife

Connaissez-vous "Ralf Und Florian"? Dans le cyclone de l'engouement Kraut, on a tous recouvert nos doigts des poussières de Cluster (personnellement, jusqu'à pas mal de gravats de Moebius et Roedelius, en solo, des monceaux, même du piano piano de nombril tout seul, franchement ce n'était pourtant pas le propos, enfin, il y a des petites choses grises à y suruper), on s'est badigeonné d'Harmonia et d'inédits amusants de jazz-rock jusqu'à gober du DX-7 et du pad de mididrum expandé plastoc, mon ami Johann qui m'a beaucoup mis sur la voie de Cluster m'a mis un robotoc "Zero Set" de Moebius avec Mani Neumeier et Conrad Plank qui me rappelle le "Word of Mouth" de Pastorius, le morceau d'ouverture, là, avec du moog en random pour lancer une machine free (c'est pas si mal, je jure) surtout pour rigoler avec les toms, mais que je trouve assez bêtement crucial, il manquait juste des beaux kick de 808 pour sauver ce bel objet bruit-dissonance, limite une b.o. de Friedkin avec des bleeps captés par Jan StWerner, et le faire rééditer en luxe comme le "My Life In The Bush of Ghosts" d'Eno & Byrne (jamais capté, celui-là, sauf le morceau avec la basse slappée qui a été samplé par je sais plus qui sur une vieille compil Mo'Wax, si quelqu'un retrouve le morceau, soit dit en passant), bref, dans la tourmente, on en a tous oublié d'aller à la source magique, et j'avais ce truc dans un coin qui prenait la poussière, je pensais que c'était des inédits relous, des raretés mal enregistrées comme "Autobahn", je lisais Kraftwerk comme une ligne droite dialectique, une poussée de forme du bricolage vers la précision divinatoire de la machine et je militais donc pour les derniers albums, "Computer World" mon préféré et même "Electric Café" (je disais toujours, comme un imbécile, que le seul problème de ce disque était d'avoir été mixé par François Kevorkian, qui le sortait de son eden de carton sec pour le mettre dans un hyperspace disco, j'avais tort, l'hyperspace ça peut être sublime, et le problème de ce disque c'est que c'est un disque de ventriloque) sommes précisées, upgradées des précédents, les derniers au bout de la chaîne de recherche, j'étais imbécile, en fait cette compilation rassemble "Kraftwerk II" (bruit et flûtes, un peu de funk chou mou, pas mal) et "Ralf Und Florian", premier Kraftwerk à deux hemisphères, bien plus qu'une plongée dans le futur à venir, et que de temps perdu à ne pas l'écouter, compulsivement, toxiquement, tout l'ambiant est là, toute la pop est là, toute la house est là, tout Kraftwerk est là sans les drumboxes, tout le bruit blanc des logiciels sans les logiciels, connaissez-vous "Ralf Und Florian"?

Il faut dire que j'étais predisposé, plein de beats craquants dans les oreilles, pleins d'architetures qui s'oublient, le Gui Boratto, que j'adore, tout le temps dans les oreilles (j'ai ai fait un rapport pour le travail), le B-2 UNIT parfait parfaitement habité de Sakamoto et ses percussions écrasées, DJ Koze, ou les mobiles technicistes plastiques sans failles du "Sweet Robots Against The Machine" de Tei Towa (c'est amusant, un lecteur de Chronicart vient justement de se plaindre de l'oubli de Tei de notre dossier Shibuya Kei, il faut donc que je dise ici, vite en passant, que Tei vient d'ailleurs, et que l'oubli est volontaire, même si je vénère ses formes), je suis tout avide de formes précalculées, je n'arrête pas de dire à ma chérie que je veux voir des films avec des robots, avec du plastique, avec des failles quadrillées saupoudrées, mais je ne m'attendais pas à trouver la transcendence de si beaux accidents électroniques

dans l'ordre du disque, exactement

"Tongebirge", flûtes délayées et basses qui vrombissent, un vrai kraut sans démarreur, pure extase intacte, tout "Autobahn" sans le paysage qui défile, mini-monument;

"Kristallo", premier exercice trans, traversée d'un désert clavicordé, avec même des fausses notes pas réparées, et, à mi-parcours, accélération hilarante et arrivée des pois sauteurs, comme une IDM idiote, le morceau est avant-coureur du "Hall of Mirrors", dans une sorte de veine romantique, un peu viennoise, mais l'accélération finale la lamine en faisant exploser le maïs. 200 ans d'avance dans pas grand chose;

"Heimatklänge", le piano sérieux et déjà tout Cluster&Eno, juste les flûtes en trop, mais à l'octave en dessous, un peu de saturation dans la tranche, on voit un peu la campagne d'Arno Schmidt

"Tanzmusik", le plus connu, je crois, adorable mais dangereux, sons de synthèse très sommaires, quelques bits, une petite boita qui pompe et qui est déjà celle de "Man Machine", sauf, qu'en plus, il y a une pièce ouverte, avec des fenêtres, handclaps et glockenspiel, voix qui geignent joyeusement, une vrai montée pop optimiste, un morceau qui file droit vers sa conclusion de marguerites juste écloses

"Ananas Symphonie", titre parfait, Johann me dit qu'il y est échantillonné et bitcrushé sur le nouveau Panda Bear, bon signe, autoharp qui granule en stereophonie parfaite, mini gamelan et vocoder, une tranquillité immense, feuilletée de vrai white noise sculpté à même le bruit des vagues, Hawaï numérique avant l'heure du H.A.T. de Hosono avec Atom Heart et Tetsu Inoue (celui du fabuleux "DSP Holiday", exercice de tropicalia numérisée à même le HD mourrant, du "Hawaï 5.0" de Secret Mommy (prenez donc "the Culture", c'est génial) ou, encore, du "Hawaïan Tabra Chepa" de Tei, marrant, passionnant comme la musique électronique, surtout à son époque bitcrush, aime toujours faire le bruit des vagues avec le générateur de bruit blanc des midi keys), moment immobile malgré la structure très complexe, les rouages des parties aplaties, grande conclusion qui respire avant le prendre la route. Connaissez-vous "Ralf Und Florian"? Ce disque n'a jamais été réédité correctement, Ralf et Florian ne sont jamais rentrés de vacances.


ps exercice cherchez les trésors dans la page.

vendredi, mars 09, 2007

jailhouse tatt


Sans rire, j'envie surtout les architectes et les ingénieurs en ce moment, parce qu'ils ont tout pour eux, quand ils se lancent dans le projet d'une chapelle ou d'un pont suspendu, ils savent où doivent s'arrêter les lignes qu'ils tracent. Quelque part, "The Brief and Frightening Reign of Phil" de George Saunders, même s'il s'arrête une ou deux fois en route pour regarder quelques un de ses bonhommes bizarres pour admirer la beauté de son ouvrage, marche comme un plan de pont: sa folie de fable allégorique (Inner Horner, un petit trop petit pour accueillir ne serait-ce qu'un seul de ses habitants, voit son peuple en exil forcé martyrisé par celui d'Outer Horner, le pays limitrophe qui le contient) ne marche pas telle quelle, sans l'artifice de ses lignes telescopiques, ses articulations de sables aux formes impossibles certainement taillées au laser. C'est une maîtrise de petit dieu mécanicien (ceux qui l'ont lu sauront de quoi je parle) qui est au travail dans les échanges et les distributions de ses petits frankensteins en chair et plastique, dans l'oeuvre des évènements qui s'amoncellent vers la catastrophe, comme une prédisposition naturelle à l'omniscience dans le récit et dans la vie des personnages, quelque chose dont l'usage devrait être mieux questionné avant d'être étalé dans une fausse neutralité sans amont, sans problème, et ici, pour Saunders, une évidence messianique. Point de mécanisme d'horlogerie dans ce petit roman génial: Saunders parle de seed crystal approach, comme s'il se contentait d'égrener ses bonshommes dans sa fable-potage, mais ses mais tiennent ce monde tout entier en l'air et c'est ce qui l'empêche de s'écrouler. Petite chose immense.

fuzzy loggia

Peut importe ce qui se passe, d'ailleurs je n'écoute presque que de la musique électronique faite avec des intentions cette semaine, mais on peut entendre des solo magnifiques partout en ce moment, fabriqués avec les plus beaux sons du monde

mes trois préférés sont:

Boris with Michio Kurihara "Rainbow" (sur "Rainbow", Pedal/Inoxia/Drag City)
Kurihara petite légende sombre qui a fait des belles choses avec Ghost et les Stars, habite entre les hoquets blancs graves d'un gros ampli matamp, mais lui joue sur un tout petit ampli de poche, une petite cassette, un feedback minuscule, je pense à Ladies of the Road de King Crimson parce que ce solo entier en descend, mais ça ne me dérange pas, ça ne devrait pas vous déranger non-plus


The Fucking Champs "A Forgotten Chapter In The History of Ideas" (sur "VI", Drag City)
Je m'emballe et ce n'est pas un solo à proprement parler, il y avait plus de soli sur le "Gold" de Fucking AM (vous l'avez, vous l'avez? non je dis ça, c'est juste un truc que j'adore), mais en fait tout le morceau est un long solo de matières filtrée, taillé, équilibrée comme un diamant, du grave intense jusqu'aux harmoniques qui meurent doucement dans la reverb, il n'existe pas un groupe aussi dévoué à l'apparat de ses notes de guitare électrique que les Champs et maintenant il faut les en remercier

Wilco "Impossible Germany" (sur "Sky Blue Sky", Nonesuch)
Evidemment, ils rejouent le Band et Lynyrd Skynyrd et ils mettent des soli partout depuis leur disque d'avant, celui avec l'oeuf cassé/pas cassé, ça ne devrait pas vous déranger pour autant, quand Glenn Kotche commence à taper sur le gros tom et que le morceau s'embarque sur la grosse pente d'uner odyssée, on se dit avec raison qu'il n'est pas très réussi (surtout après le petit équilibre admirable de "You Are My Face"), mais on ne sait pas encore que l'escapade de notes qui tremblent dans le canal de gauche est venue pour durer tout ce qui reste de chanson à raconter; c'est très excitant, à l'ancienne, quand elle se double, évidemment, d'un petit thème du sud, petit thème comme "Free Bird", quand elle risque les trilles, quand elle casse l'isolation et devient, parfaite, amas de mosquitoes, membrane d'ampli qui coule, carton brisé, glue saturée

characteristics of a gathering spring

Revenons sur des cartes, donc, des cartes très mal imprimées qui empêchent de déchiffrer les noms de lieux, des cartes à jouer dans les chemins, des vues satellites qui ne servent à rien d'autre qu'à faire cligner vos yeux, à rajouter une belle couche translucide et grasse de confusion sur vos idées embobinées. Nous parcourons la campagne dans la pluie battante, nous avons depuis bien longtemps abandonné l'espoir d'une destination correcte, nous entendons des soli de cliquetis partout depuis les fourrées, un beau son de synthétiseur pur, une fréquence inconnue, des belles architectures qui s'oublient, et il procède à de mystérieux exercices; il se force à fixer, pendant de longues périodes, jusqu’à quarante, quarante-cinq longues minutes, le même espace de bois. Les exercices l’aident, un peu, à supporter l’envie. Il sait qu’il y a dans le petit cahier en cuir tous les développements de l'histoire de ses habitantes, sa description détaillée, dans la plus belle des écritures, il fixe le bois et se met à compter, une par une, dans l’ordre ou le désordre, selon les jours, les fréquences qui habitent ses oreilles. Il les compte, tente de se les décrire en termes poétiques (ce qui n’est pas une affaire aisée, une fréquence est une chose très froide, très dure, impossible à plier, qui se refuse en principe à toute image), leur donne des visages (affaire plus ardue encore), leur donne des vies à elles. Il n’essaye pas de les attraper, mais se dessine quand même des chemins qu’elles pourraient suivre, des chemins compliqués comme un intestin, ou un flocon. Il se dit souvent à lui-même qu’une vie de fréquence ne doit pas être chose facile, surtout quand on habite dans la même paire d’oreilles, avec une multitude d’autres fréquences, voisines (faire un battement) ou lointaines (un accord). Pendant ce temps-là, pendant que les fréquences parcourent les chemins escarpés, mais dignes, qu’il leur dessine, son corps sue, et souvent, il dévore compulsivement, sans y penser, du pain mou du fond du sac, acheté la veille, en vue exacte des exercices, et il n'arrive plus jamais à se dire s'il est perdu où exactement là où il voudrait être; une flèche retentit.

samedi, mars 03, 2007

the poetics of time always seem banal compared to those of space

Je ne suis pas encore tout à fait sorti de cette affaire de bilocations, un nébuliseur sur le nez, je continue à être fasciné par ce que je ne comprends pas, et je m'imagine certainement que le fond du problème est toujours le même (un chercheur québécois, récemment rencontré à Umea, en Suède, m'a évidemment ri au nez ). Je crois que ce que je préfère toujours par dessus-tout, c'est regarder les réseaux, sans voir les contours, sans savoir ce qui les fait tenir, comme je laissais, dans Cubase, il y a quelques temps encore, tourner à vide les amas empilés de matière, moins par flemme de retailler leurs formes que par souci de les laisser se mélanger (ça a longtemps été le sujet du malentendu, et puis le malentendu celui de ma frustration, aujourd'hui, je désemplit, demain je met tout en ligne). Il faut donc, ces jours, pour m'intéresser, pour me supporter, voir le Primer de Shane Carruth, ses 9 timelines imbriquées, ses boucles de cul-de-sacs, et me les réexpliquer encore une fois, sans s'énerver parce qu'en fait je n'arrive pas à comprendre même le fonctionnement basique de la machine à avancer dans le temps, fixant le schéma sans que jamais ses lignes ne fassent sens. Il faut aussi lire The Sea Came In At Midnight de Steve Erickson, sa narration diffractée d'événements épars, sa peti te galaxie de récits et de coïncidences (jeudi soir, un peu épuisé, dans une chambre du Magasin à Grenoble, j'ai même pensé délirer en suivant l'histoire s'emballer et perdre de vue son heroïne), son réseau maladroit et un peu brouillon, ses thématiques un peu nases, mais sa belle structure enlacée, presque aussi athlétique que celle d'un Lookout Cartridge (oh, j'aimerais tellement être assez intelligent pour vous parler correctement de McElroy!), son très beau personnage de cartographe de rêves perdus*, ses coordonnées et ses tâches de sens, et puis, apprécier, au-delà de l'atroces ambition de ses petites vérités sur la vie moderne, l'extrême lenteur passionnante de l'écriture de Richard Ford, la manière dont il écoute les bruits ambiant et il regarde les éclats de lumière à chaque fois que son petit héros s'installe quelque part, cette cadence obsessionnelle presque trop dévouée aux paysages très denses de gens, d'arbres et de résidences en stuck qui défile sous ses yeux. Et puis, pour l'excitation des sens, in the light of the miracle, les Kphanapic Fragments (le nom même ne dit rien à personne sur google, c'est bon signe) de Team Doyobi, épopée folle de matières et bulles soniques au destin toujours insaisissable, vraies aventures de sons très excités, kicks mats magnifiques ou mélodies randomisées sans axe, qui ne dévalent jamais l'endroit de la piste qui s'ouvre sous leur roulis incertain, musique de robot sans Pavlov, musique de matières sombres qui percute les tympans sans jamais toucher le sol. C'est toujours un peu pareil, tout ça parce qu'au fond je n'y comprends rien à rien, le hasard me tient la dragée haute et j'aime surtout quand l'art me submerge par en haut, éclate en granulons partout autour de ma petite tête et de son ronronnant moteur diesel. En ps, regardez donc comme ma musique va vite quand quelqu'un d'autre en parle (ce garçon très talentueux s'appelle Ian Lynam et il vit à Tokyo, là où, d'après un grand cartographe, on ne peut jamais dire où est l'est, où est l'ouest). La prochaine fois on parlera, certainement, de maps.


*"Having mapped the city streets and having mapped the city bridges, having mapped the sewers and having mapped the subways, having mapped the power grids and having mapped the water ducts, having mapped the sound currents and having mapped the wind tunnels, Carl eventually begun mapping the true heart of the city, until there was nothing left to map and until his superiors, trying to run things as reasonably as possible, trying to get a grip on things in a time that already seemed to be slipping from their grip, didn't want to see another map from him, not his maps of graffiti or his maps of sexual rendez-vous or his maps of mad women or his maps of runaway children or his maps of dead bodies - not, in short, his maps of Real Life, not to even mention the later maps, the Maps of the Subconscious City: the maps of nervous breakdowns and the maps of psychotic episodes and the maps of religious hallucinations" (Steve Erickson, The Sea Came In At Midnight, 180).