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samedi, avril 26, 2008

amoureux centenaires

deux présents du samedi matin baigné de soleil de jour de givre

un bout de lettres précieuses, un peu triste, et un aplat de mélancolie, un peu joyeux; qu'en dites vous?

en croix, la musique, c'est "Okwukwe Na Nchekwube" par Celestine Ukwu & His Philosophers National (matin, quel nom), trouvé au début de la compilation Nigeria Special: Modern Highlife, Afro-Sounds & Nigerian Blues, certifiée bourrée à craquer de fer blanc, de plans de guitare à vous décrocher l'auriculaire et tout à fait branchouillement corrects (tu peux faire vrombir tes lampes de designer italien hors de prix, mon ami), emmagasinés entre 1970 et 76 c'est à dire avant que Fela devienne la norme, quoi, bref, utilitairement nickel pour un samedi baigné de soleil froid (pour le coup le morceau de Celestine Ukwu refroidit vraiment le paysage)

après, c'est sans commentaire, une démonstration de force et de fantaisie engagée, signée Senges, artiste à respecter parce qu'il allonge toujours, toujours les mots latins en italiques:




Lichtenberg et le beau sexe










Après ses Quarante-neuf façons de poser la tête dans sa main et sa théorie des plis de l'oreiller, Lichtenberg a le temps (le loisir) d'ébaucher un précieux Quatre-vingt-une postures de l'amour, pour tous usages et tout public, tant pour les mariages heureux que les couples en herbe, sur lit ou au balcon, et pour ces amoureux centenaires que l'on sait embarqués ensemble pour longtemps - parmi celles-ci, la soixante-deuxième: Le Pavillon des jours de givre: l'homme se tient assis, son chapeau sur la tête, un livre de prière à la main; sa partenaire est à genoux, les jupons légèrement retroussés, à une distance de sept pas au moins; elle a une brosse dans la main droite et lessive les carreaux de la cuisine. La trente-septième: La Gondole des nuits sans lune: la femme est en face de son mari, les bras nus et les cheveux défaits; lui se tient sur ses deux jambes (bien campé), les bras levés, le front bas; la femme frappe à six ou sept reprises sur ce front, si bas soit-il, à l'aide d'un balais (etc. - inutile de préciser que les brouillons ont terminé dans une lessiveuse).
Il s'était promis également de compléter le catalogue des conquêtes de Don Juan, en y apportant un supplément d'âme, son expérience des êtres humains, son invention qui compense les lacunes de l'expérience, toute la courtoisie des Lichtenberg, gentilshommes de père en fils, et la politesse proprement georg-christophienne n'appartenant qu'à lui, léguée à personne: des portraits de dames, suivis de leur nom et d'un fragment de biographie: plus l'ensemble est précis, plus il est érotique, mais plus il rachète l'apparente désinvolture du Don Juan encyclopédiste. (Fragments de Lichtenberg)

(oserais-je avouer que la totalité de mes fléchages est mue par des choix de coloris? tout doit contenir du magenta, sinon ça défigure la page)

vendredi, avril 25, 2008

i write what I like and connect the underlying themes and strains later

j'adore cette band photo

regardez la bien regardez Jamie Stewart regardez dans sa pogne ça parle de Peter Sotos et Peter Sotos faisait partie de Whitehouse avant, j'ai tout bon puisqu'il était même leur horizon flippant parce qu'il avait fait Pure et Pure fait flipper tout le monde même toi mon petit hipster même moi même que je retourne écouter du mambo numérique comme tous les matins

(et pourtant je l'ai trouvé sur le site de stereogum à la page d'un tribute album de björk)

allez lire cette interview c'est ça l'idée

jeudi, avril 24, 2008

cat vs. mouse

tiens, eh, mon bon ami David Marx, très grand gars, tokyoïte, salaryman, musicien formidable et phénoménologue de la chose pop politique , est doublement papa depuis 48h - sa mie Utako (of Kiiiiiiii fame) a mis au monde un vrai petit être, et son label Music Related a enfin usiné son deuxième album, Forty Years From Now On. Alors je veux pas fomenter des vagues qui vont nulle part mais le monde va un tout tout petit peu peu moins mal depuis 48H dans quarante ans et en attendant qu'il m'autorise à mettre un bout de cette nouvelle merveille d'indie rock encyclopédique épaisse comme le bras (Marxy fait un peu comme Céline ou Lichtenberg, il étend ses oeuvres sur 3000 pages bourrées à craquées de data et de carrefours et d'intertextes avant de convier la censure, des déménagements ou les invasions barbares pour les éclater en fragments, les disséminer dans l'histoire, puis les repêcher dans l'Hudson ou le fleuve Sumida et refaire des chansons avec ce qui reste)
allez dl celui- là-bas c'est gratis et croyez moi quand je dis que ce type là est l'expat le plus précieux de toute l'agglomération tokyoïte


et pis sinon ça n'a rien à voir mais bien fait pour leur gueule quand même

mercredi, avril 23, 2008

détonations

En préambule idéal aux aventures artificières de la famille Traverse - car bientôt en français dans le texte - d'Against The Day, en épaississement nécessaire du précieux Bréviaire des artificiers de Mathias Enard et Pierre Marquès, et parce que

comme le soutient Régis Debray, jadis théoricien de la guerre de guérilla et aujourd'hui gourou de la 'médiologie', 'terrorisme' et propagande ont toujours évolué en symbiose ("escalade concomitante de l'informatif et de l'explosif") : du temps de Robespierre, c'était la guillotine et le sémaphore; dans les années 1880, la dynamite et le télégraphe: de nos jours, c'est l'alliance de la voiture piégée et du site web qui hante le monde de Bush et de Ben Laden
on compulse Buda's Wagon, historiographie extensive du terrifiant VBIED* (Vehicle Borne Improvised Explosive Device, désignation du Pentagone des chariots explosifs à l'ère des open-source conflicts) à ses différentes heures, ses différents techniques et ses différents usages (pure perméabilité politique, des anarchistes italiens et de l'ABC de la Havane jusqu'à l'extrême droite sioniste au lendemain de la deuxième guerre mondiale). Soit l'étude saisissante dans le dernier siècle soi-disant moderne de l'autobomba, cet "instrument de terreur clandestin" adoré des "faibles" mais aussi "des régimes autoritaires et des superpuissances", qui terrorise les marchés financiers autant que les crève-la-faim aux arrêtes de bus, pure incarnation de disproportion, de distorsion géopolitique, de propagande par le fait et d'éparpillement, "superprothèses technologiques qui multiplient la dangerosité du potentiel meurtrier des organisations et des réseaux de petite taille". A acheter, à lire en ligne si on aime son bureau selon le chouette crédo de la collection Zones, de La Découverte, ou à regarder à la téloche.


On dansera aussi une petite valse de Guy Fawkes à pieds joints sur le tout dernier Melvins en quatuor batterie-batterie-bazz-buzz, qui s'appelle Nude with Boots et qui se disperse pas moins idéalement en pure joie Kiss-esque, riffs en ciment et déserts saumâtres, séparant systématiquement les trois comme on sépare le bon grain et le mauvais grain et l'ivraie parce que Buzz il est comme ça il mélange pas

family affair

un nouveau playerpiano à la maison

mardi, avril 22, 2008

le sens de l'hospitalité

l'aut' jour je chroniquais le nouveau Booka Shade pour le travail, je me faisais violence pour extirper des bons moments (j'aime bien Booka Shade, des vrais animateurs de boum avec le coeur sur la main, mais le disque est vraiment nul, il y a des tapis de cordes en plaqué or qui ne chantent rien, des chansons ridicules et des sons de synthé atroce) et j'ai glissé, à la troisième écoute (je suis un travailleur dévoué et pour citer un livre ébaubissant qui s'appelles Les fragments de Lichentenberg et que, j'espère, vous êtes en train de lire, "selon le barde Flann O'Brien, les molécules d'une bicyclette tendent à se mêler à celles du cycliste" - sans me comparer parce que je ne sais pas faire du vélo, c'est vrai que je suis incapable d'écrire à propos d'un moment de musique sans qu'elle se déroule en même temps même, pavlovien le gars) sur le solo de rhodes synthétique (encore une fois, son de synthé atroce) j'ai eu une EMOTION, je me suis dit si ça avait été un vrai piano j'aurais peut-être aimé ce morceau; je me rends compte à quel point c'est un fait indéniable sur la belle musique électronique quand j'écoute quelques beaux moments de dialogues avec les oiseaux sur le très honnête Live du très honnête (un peu trop) Henrik Schwarz ---dialogues avec les oiseaux c'est une autre définition du vocable deep, en quelque sorte, si vous voulez, si vous acceptez--- quand il met un peu de piano solo piano dans ses matières stretchées sans état d'âme (c'est un peu dommage), quand il refait des morceaux de Takahashi Kuniyuki (qui l'aime un peu trop, son piano, lui, j'ai comme l'impression que tout l'intérêt de la deep house c'est la limite diffuse d'énergie autour de laquelle elle se construit, en négatif, série d'évènements-effets virevoltant dans l'énergie amoindrie d'un inénarrable équilibre de force entre les oiseaux, qui chantonnent avec le petit dieu Sens d'un côté, et l'abysse dégueulasse du geste mécanique de l'autre, quand j'écoute All These Things de Kuniyuki Takahashi j'ai l'impression de lire une liste, de discuter avec un bouddha cybernetique qui en aurait après mon âme, quand j'écoute Schwarz je ne sais pas trop ce que je suis en train d'écouter et finalement c'est un bien rare, en dépit des moments laids, une surface irrésolue, problématique, conditions de génèse en quelque sorte si vous pouvez pardonner c'est petite ontologie ridicule de cette musique mais la deep house européenne, ses faiseurs et ses danseurs, tous courent après cette petite logique, j'en suis sur et certain), quand il en remet une couche sur les petits violons en plastoc de Boundzound, quand il grossit la matière de son "Imagination Limitation" façon gros piano vrombissant, je ne sais pas si Henrik Schwarz a un piano dans son salon, mais je suis sûr qu'il a un coeur gros comme la main; de même, quand le héros du peuple Carl Craig fait un sort à un atroce produit post kölnconcert (l'italien qui massacre Strings of Life pour en en faire de la vraie musique, là), quand le steinway résonne dans ses racks de delay simple et rebondit contre ses gros synthés, quand ses petites pompes new-agisées, affablisées jazz fusion de musique minimaliste new-yorkaise s'embourbent dans la bassline en carton et dans les cordes de DX7 et se muent en petits mécanismes cuivrés, c'est comme une libération, la house qui s'incarne en plein, avec tous ses paradoxes filandreux et son romantisme chou fleur (vous n'oserez pas argumenter contre Sakamoto quand il s'abandonne sur son Steinway, pas si vous avez vous même un coeur) et s'installent au creu de toutes les parois de la vie, surtout le matin, les pianos qui s'allongent sur les boitas c'est une musique du matin, pas une musique matinale, non, mais une musique du matin, ou comme Pierre Senges l'écrit à propos d'une toute autre chose, "les fantaisies sont entre de bonnes mains"*












*c'est un peu de la musique de droite je vous l'accorde mais achetez tout de même le maxi, c'est un chouette label français qui l'a fabriqué

lundi, avril 21, 2008

tête froide (orange givrée)

j'annihile un temps ma peur (je mue en taiseux mais ce n'est pas volontaire, c'est à cause des opportunités, du travail, des flux qui s'ouvrent de partout, mais voilà je me mets un coup de pied dans le derrière) et mes ambitions (à venir en italiques - l'encyclopédie, Pavić, Senges, Bustos Domec et Jeff Vandermeer et et après "un seul roman gros comme un boeuf au lieu d'une poignée de graviers lancée pour nous dérouter") pour vous apostropher sur un disque superbe que je m'enquille en toute illégalité (mais ça ne saurait durer), évidemment paumé perdu lettre morte dans le temps, parce que sur le papier, idiote comme un i:

DAS OHR AM GLEIS (l'oreille collée sur le gros rail) est en effet un disque sur les TRAINS et sur les RAILS dans lesquels on entend des TRAINS
et pas grand chose d'autre et c'est une bénédiction; si vous avez mis un pied dans la documentation sonore avec walkman, dat ou md vous savez à quel point le geste est attendu (vous en avez sûrement quelques heures dans un tiroir); et pourtant; il ne faut pas passer outre ce DUAL DISC (stéréo amoindrie sur une face, 5.1 sur l'autre, ce qui vous laisse un peu songeur puisqu'évidemment, en bon amoureux de la chose musique, vous n'avez pas de système 5.1, vous caressez la stéréo comme votre religion, comme j'observe au loin à l'horizon l'expérience en plein de l'ébouriffant, nécessaire ALTARS OF SCIENCE de notre héros Marcus Schmickler, me contentant de rêver en tremblant fort, très très fort, du fait de sa version rabougrie en stéréophonie) il faut s'y plonger; deux raisons massues, c'est le retour de FX Randomiz, dont on n'avait pas entendu une milliseconde depuis l'album de Holosud (pour la beauté de l'histoire, je vous mets un extrait de cette merveille oubliée, pour le biz, je vous HURLE qu'un nouvel album de Schlammpeitziger vient de voir le jour ), ensuite, c'est des nouvelles de C-Schulz, discret manipulateur, vénéré fantôme, une troisième raison pratique: c'est un disque AGREABLE, on y entend cliqueter des cliqueter, le vent sur les parois du train qui souffle des notes qui tiennent parce que le train se meut et parce que la bande souffle, des phrases superbes, des effets très honnêtes, des résonances qui chantent, des pulsations rajoutées, multipliées par l'informatique et par la main; les deux gars ont posé des micros un peu partout, sur les rails, entre les wagons, ils ont dû se payer le luxe de voyager sans destination, de s'oublier dans le temps du voyage, dans la bulle du temps perdu, cette intervalle chérie où il est autorisé de dormir quand on n'est pas fatigué, d'écouter le bruit, de jouir de ce qui défile et de lire autre chose que du travail; à la fin, en odeur inattendue, c'est une hymne presque techniciste, une ode, un horizon joyeux, les belles harmonies allemandes qui rêvent aux lumières autour de l'équateur mais qui ne les ont jamais vues autrement qu'en peinture, auxquelles trop de petits batards trop bien habillés (des français surtout, ceux-là ne peuvent pas s'empêcher de baver sur la beauté) font du mal en ce moment, , voilà donc un cadeau, une parenthèse enchanteresse de mouvement, et un hommage retourné à Klaus Dinger, qu'on se forcera à entendre dans le hors-sujet

mercredi, avril 16, 2008

back to work

"(...) Tous ces défauts ne sont cependant pas très graves : le lecteur capable de trouver la signification secrète du livre, en le lisant dans le bon ordre, a quitté depuis longtemps cette terre, et le public actuel estime que l'imagination est affaire de l'écrivain, non pas la sienne. (...) Pour un tel public le livre n'a pas besoin de renfermer un sablier qui indique le moment où il faut inverser le sens de la lecture, car le lecteur d'aujourd'hui ne change jamais sa façon de lire". (Milorad Pavić, Le dictionnaire Khazar)

En attendant des jours plus diserts (dès demain), allez-voir un peu les raisons du silence.

mardi, avril 15, 2008

compressons

"Poésie orale, performance, théâtre, lectures, dialogues de cinéma, conversations courantes, entretiens, témoignages, récits, rap, récitatifs, documents ethnographiques, discours politiques, religieux, pédagogiques, plaidoiries, leçons de danse, de yoga, de gymnastique, instructions militaires, instructions sportives, hypnose, litanies, prières, cérémonies, journaux télévisés, commentaires, sportifs, conte, reportages, boniments, publicité, vente aux enchères, synthèse vocale... L’extrême diversité des formes orales est rarement appréhendée transversalement.Le projet d’Encyclopédie de la parole vise à constituer un plan de composition sur lequel ces différents objets pourraient être comparés. Ce plan passe par l'organisation de séances d'écoute mensuelles où sont donnés à entendre toutes sortes de documents sonores, proposés par un groupe mobile de collectionneurs et agencés live par un DJ ou artiste sonore".

ce soir